Un cauchemar l’ayant brutalement
réveillé peu avant l’aube, pour échapper à son emprise et à une sensation
désespérante, celle que pour lui tout était fini en ce monde, il se leva,
s’habilla, remit de l’ordre dans ses cheveux trempés de sueur et sans accorder le moindre regard à
son image reflétée dans le miroir mural qui jouxtait la porte d’entrée, il
quitta l’appartement. Dans la rue, il avisa une bouche d’égout où il laissa tomber
ses clés ; puis il fit signe à un taxi qui s’arrêta à sa hauteur et où il
monta sans plus de cérémonie. Au chauffeur qui lui demandait où il devait le
conduire, il eût voulu répondre, ce qui était la stricte vérité et la
phrase la plus sincère qu’il eût pu jamais prononcer : « Le plus loin possible
de moi… ». Mais ce n’était justement pas possible, le chauffeur n’aurait
pas compris ou confronté à l’étrangeté de sa réponse cru qu’il se moquait de
lui ; et par lassitude, fatigue d’exister, il marmonna une vague phrase à
propos de l’aéroport : le taxi démarra. Il ne se faisait guère
d’illusions, il n’allait pas monter dans un avion, il ne regarderait pas par le
hublot la masse blanche ou grise des nuages, il n’irait nulle part, toutes les
destinations lui étaient également indifférentes et aucun avion, ni aucun autre
moyen de transport n’était en mesure de le mener où il désirait être, c’est-à-dire le plus loin possible
de lui-même…
(Août
2014)
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