mercredi 10 janvier 2018

La mort tiède (note de mon Journal)

pour François,


La mort tiède – L’autre soir, alors que je ne parvenais pas à dormir, m’est revenue à l’esprit une suggestion faite par un ami, pour écrire : la mort tiède… Tel serait le beau titre d’un texte que je n’écrirai pas. Mais il était à l’origine question je crois de Bartleby, l’énigmatique personnage de Melville, qui meurt sans révolte ni hauts cris, se laisse aller à mourir, comme quelqu’un qui glisse sur une pente légère et ne résiste pas, par désespoir personnel, et en emportant avec lui son secret, qui, dans le cas du malheureux Bartleby, était peut-être de n’en avoir aucun… Et, le scandale de la mort de cet innocent, que son innocence rendait inadapté, demeure évidemment inaperçu… Bartleby meurt dans une prison, comme un vulgaire criminel et sa mort n’a qu’un témoin : l’Avoué, ce très étrange narrateur de l’histoire, sans doute secrètement épris….

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Bartleby est la plus célèbre nouvelle d’Herman Melville et un exemple typique de ce « rapide obscurcissement » à l’œuvre dans nombre de ses écrits. Ou, comment en une quarantaine de pages, une histoire étrange, cocasse et très drôle, devient tragique et bouleversante.

Bartleby est ce personnage qui se sépare radicalement du monde par une formule qu’il répète et qui crée le désordre autour de lui : « I would prefer not to ».

Les lectures et les interprétations de ce conte à la Dickens et du personnage – symbole tour à tour de l’écrivain ou de « la résistance passive » – sont innombrables. Mais les plus belles et les plus profondes sont celles de Maurice Blanchot et de Gilles Deleuze.






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