Nos vieilles
vanités ont été retirées de leurs cadres. Des objets transis, pâles et maladifs
hantent nos appartements où nos reflets étonnés se frôlent et se fuient…
Dans la lumière aseptisée des lampes au néon, un crâne de plastique rose
contemple les croisées, tandis qu’un vain napperon en osier s’étale sur un
meuble de formica où trône un bouddha de pacotille. Des fleurs artificielles
ternissent dans des vases d’un goût douteux alors qu’un calendrier aux
charmes pompiers qui représente un chaton vautré dans une couverture blanche et
jaune est accroché au papier peint hideux du mur ; élégant parmi des cartes
postales figurant des couchers de soleils, des cathédrales et des touristes
égarés entre d’autres présentoirs. Des magazines glacés aux clichés criards
d’une vulgarité sans égale ont remplacé les vieux grimoires poussiéreux sur
l’accoudoir d’un divan de moleskine que recouvre une espèce de drap à carreaux
rouges et noirs. Las, tout un fouillis de produits de beauté et d’ustensiles de
cuisine compose un laborieux capharnaüm sur le bord prétentieux d’une armoire
que surplombe gaiement une authentique poubelle de table de Vallauris.
Le texte est extrait du recueil autoédité Les heures captives (décembre 2012). Frédéric Perrot
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire