Je
viens d’arriver au bout des deux tomes de Crime et châtiment, de Dostoïevski,
dans la traduction d’André Markowicz (953 pages, en tout), et figurez-vous que
dans les dernières pages m’attendait une surprise. Raskolnikov est au bagne (car
il est bel et bien châtié pour son crime, comme le spoiler intégral qui
lui tient lieu de titre le laisse entendre) ; et là, il fait un rêve :
« Malade, il avait rêvé que le monde entier était condamné à
subir une sorte de plaie d’Egypte, terrible, inouïe, jamais vue, qui venait du fin fond
de l’Asie jusqu’en Europe […] On vit paraître des êtres microscopiques
qui pénétraient dans le corps des gens […]
Des bourgades entières, des villes, des nations se faisaient
contaminer et devenaient folles. »
Raskolnikov
comme prophète du Covid : avouez que la littérature est surprenante. Et
que l’esprit souffle où il veut, par-delà bien et mal. Alors, puisque le savoir
poétique est infini, je m’entête à lire. Vais-je trouver la vérité ? J’évolue
en tout cas parmi des étincelles, et il me plaît de vous en transmettre la joie.
La suite du texte de Yannick Haenel, où il évoque sa découverte de la poétesse américaine Louise Glück, prix Nobel de littérature en 2020, est à lire dans le numéro de cette semaine de Charlie Hebdo.
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