Ils entament la parade
quelques verres et quelques tirades
le goût du danger les unit
et c’est la nuit
il reste avec elle trop longtemps
se fait coincer
elle n’a pourtant rien dit
c’est la chaleur en le freinant
qui l’a trahi
Hôtel Congress
110° Fahrenheit…
Dominique
A, Hôtel Congress
Il fait fade dans les bas-fonds. Il y descend par
habitude, dévale les escaliers, pressé de se perdre parmi ses semblables –
toute une foule grouillante, des êtres aveugles stupéfiés, qui ne tiennent plus
debout et se vautrent sur des matelas repoussants, dans les flaques et les
autres saletés qui jonchent le sol. Il en est encore pour danser comme des
automates sur des musiques absurdes, assourdissantes… La chaleur l’accable. Il
étouffe dans ce hammam sordide. Il remarque qu’il n’y a pas une fille. Il essuie
la sueur qui lui brûle les yeux, il hausse les épaules, il ne cherche plus rien
depuis si longtemps. Même une étreinte, même une nuit : le jeu n’en vaut
pas la chandelle. Il n’y a pas d’amour… Et ce sont toujours les mêmes mots, les
mêmes gestes, la même désillusion au réveil. « Inutile de se laisser nos
numéros, on ne se reverra pas… » Non, ce qu’il veut, c’est se perdre,
s’oublier parmi d’autres garçons perdus, avaler tout ce qu’on lui tend,
pour le vomir quelques heures plus tard, tituber au rythme de la musique
jusqu’à s’épuiser et finir à l’aube, par rentrer chez lui, tombant tout habillé
sur son canapé ou en travers de son lit.
Ainsi se passent ses nuits. Mais qu’y aurait-il
d’autre à faire ?
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Il fait fade. Régional (Belgique) : lourd,
étouffant.
L’expression « garçons perdus » est
empruntée au même album de Dominique A, La Musique.
Le texte appartient au recueil autoédité Les heures
captives (décembre 2012). Frédéric Perrot
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