The saddest thing that I’d ever seen
Were smokers outside
the hospital doors
Editors
Je vis les yeux fermés. J’ignore sans
difficulté la détresse commune. Je ne viens pas en aide, je ne console pas, je
ne daigne pas être utile.
Je vis les yeux fermés. Je me désolidarise
des convulsions du monde. Je ne me sens concerné par rien, je n’ai pas de
réponses, je suis las des questions.
Je vis les yeux fermés. Je sais m’éviter
les affres de la mauvaise conscience. Je suis prisonnier de moi-même, je
n’oublie pas de m’en plaindre, je ne sais pas ce qu’est le courage.
Et dans la chambre d’hôpital, alors que tu
te tordais de douleur, qu’ai-je ressenti, sinon un vague ennui ? Et dans
la chambre d’hôpital, alors que tu partais, qu’ai-je fait, sinon fermer les
yeux encore, sinon me réfugier encore dans le vaste désert qu’est mon âme ?
Le
texte appartient au recueil inédit La perte d’un visage (été 2005). Comme
plusieurs textes de cette époque, il a été écrit en songeant à un ami, Nicolas
Wagener (1973-2002). Frédéric Perrot.
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