Schiltigheim |
Le voyageur qui ne part pas
n’a que des bagages, de lourds bagages. Il les transporte partout, ne peut les
déposer nulle part. Certains les nommeraient sans doute des souvenirs, des
regrets, des remords. Lui, il sait qu’il transporte des cadavres.
Tous les cadavres de ceux
qu’il a été et n’est plus. Etonnamment légers. Comme une plume. Tous les
cadavres de ceux qu’il a aimés et perdus. Lourds, si lourds comme des légions
de fantômes cuirassés. De sorte qu’entre ces deux poids contradictoires, il a
un point de côté, se trouve déséquilibré et ne parvient qu’avec peine à
avancer…
Le voyageur qui ne part pas
est encore jeune pourtant. Ses cheveux ne sont pas tous tombés. Le voyageur qui
ne part pas pourrait encore avoir des rêves, des projets –
Mais le désir l’a quitté,
s’en est allé, pour disparaître on ne sait où… Et l’important, l’essentiel,
lui, il le sait : il est mort à l’intérieur…
Et dans ces conditions, que
peut lui faire l’ailleurs ?
Ce texte écrit en 2009 appartient au recueil autoédité Les heures captives (décembre 2012) Frédéric Perrot
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