vendredi 2 février 2018

le puzzle du sens (en cours)

Le puzzle du sens

Comme coupé en deux – Il a un œil exercé pour ce qu’il nomme la vanité… La vanité des autres, il la perce facilement à jour ; elle l’agace, l’irrite ou le désole ; mais sa propre vanité le coupe en deux, en ce sens que quoi qu’il fasse, il est toujours le spectateur distancié et désabusé de lui-même ; et, dans ces conditions, il lui est presque impossible de s’illusionner et de ne pas considérer avec dédain le moindre de ses actes… Or, s’illusionner est ce qu’il y a de plus humain ; et, sans quelques heureuses illusions sur soi-même, on devient à la longue incapable de quoi que ce soit.

Une cruelle discordance – Il ressent de plus en plus douloureusement la cruelle discordance qu’il peut y avoir entre les pensées, les paroles, les écrits et les actes ; par lesquels ces pensées, paroles et écrits deviendraient concrets et « mordraient sur le réel »… Et, à l’un de ses rares amis, qui lui disait un soir qu’il était malgré tout quelqu’un d’assez révolté, il avait répondu sans aucune agressivité qu’il n’avait jamais été autre chose qu’un bavard, incapable de mettre en application, « même une » de ses grandes déclarations… Il le ressent d’autant plus douloureusement qu’il connaît quelques personnes qui vivent comme elles l’ont décidé.

« Quoi qu’il fasse, il s’abîme dans la tristesse. Sa vie est un gâchis, qu’il n’impute à personne.»
Mais le plus souvent, son esprit bat la campagne… Il se figure des ennemis, de vils conspirateurs dont le seul but est de lui nuire et avec lesquels, il entretient de violents dialogues secrets qui, pour son plus grand préjudice, se poursuivent jusque dans ses nuits et déchirent la trame de ses rêves.

Le puzzle du sens – Sur la nappe froissée, parmi les cendres, les miettes et les autres saletés, des morceaux de papier dispersés semblent seuls témoigner que la triste offensive et les efforts d’un soir, n’ont pas été purement rêvés. La main d’un même geste, comme saisie de remords, tente de reconstruire le puzzle du sens… Rapidement il renonce à cette tâche ingrate. Les mots et les phrases raturés avec rage, dénotent un état d’esprit qui l’étonne et le consterne. Une nuit à peine l’en sépare ; mais il ne veut plus rien savoir de cette page déchirée, et du sombre inconnu de la veille.

Dans le labyrinthe de ses pensées – Chaque nuit, il découvre une nouvelle salle, qui désespère la description… Murs gris, lisses, sans rien de particulier… Lumière d’un blanc terne, étouffée, comme celle d’un projecteur recouvert d’un drap… Mais peut-être est-ce la même, toujours la même, où il est revenu sans s’en rendre compte, le temps consacré à chercher une issue, donnant seul l’illusion de la nouveauté

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