lundi 14 janvier 2019

deux poèmes (avec un dessin de Jimmy Poussière)




Comme si elle était une

On parle toujours de la solitude
Comme si elle était une
Il en est de toutes sortes

La solitude du célibataire
N’est pas celle de l’amant conquis
Qui n’est pas celle du vieil homme
Dont le temps est compté

Qui n’est pas celle du père
Qui comprend un jour
Qu’il n’a jamais aimé
Ses imbéciles de fils

Qui n’est pas celle de l’artiste
Qui n’est pas celle de l’ivrogne
Libre de tituber
Sur le bord des trottoirs

Qui n’est pas celle du raté
Qui n’est pas celle de la femme
Qui pleure
Dans la chambre voisine

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Thérapie

J’ai répété
Je ne sais combien de fois au médecin
Que je ne voulais pas être
La conscience malheureuse de ce temps

J’en avais assez d’être celui
Qui dans l’indifférence générale
Annonce les mauvaises nouvelles
Et gâche un peu la fête

J’en avais assez d’endosser
Le rôle ingrat du prophète de service
Dont les discours visent mais en vain
À sortir les êtres de leur torpeur

Le médecin m’a remercié
M’a fait signer mon chèque
Et m’a indiqué l’heure
Du prochain rendez-vous

Ma thérapie suivait son cours –

Et peut-être qu’un jour
Je serais sauvé !


            
Les deux poèmes ont été écrits à l’été 2013. Ce sont ici des versions remaniées. Frédéric Perrot

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