jeudi 30 mai 2024

La caverne du sommeil (pour Valentine)

 

Afin que sa chambre ne ressemble pas à un cercueil cloué à la hâte, le rêveur écarte le rideau, ouvre la fenêtre, écoute le pépiement des oiseaux qui appellent avec ferveur l’aurore aux doigts de rose. L’air frais le fait respirer plus librement. Mais pour lui le chant s’est tu… La douleur attend son heure.

 

La caverne du sommeil se peuple de monstres et d’êtres merveilleux. Les premiers hommes y conçurent leurs dieux et d’une grossière erreur de perception, naquit la plus tenace des illusions.  

 

Aussi détrompé soit-il, l’être reste toujours la victime impressionnable de ses propres rêves dont, dans la caverne du sommeil, il oublie qu’il est le seul et unique créateur.

 

De la caverne du sommeil, la psychanalyse a voulu faire une rutilante scène de théâtre, où se joue et se rejoue sans cesse la même pièce calamiteuse. Sophocle et bien plus tard après lui Denis Diderot, avaient pourtant noté comme en passant et sans s’attarder un instant à pareille vétille, que tous les hommes ont plus ou moins rêvé de coucher avec leurs mères. Désir frustre, archaïque, inepte… Il aura fallu attendre un charlatan comme Freud pour élever une telle banalité à la dignité d’un concept et il est presque certain que le prétendu complexe d’Œdipe, aurait fait finement sourire l’auteur du Neveu de Rameau.

 

Contre la psychanalyse – « Vos lumières ont tendance à m’obscurcir, ce sont de fausses lumières, des lumières mortes… »

 

Le continent noir que croit découvrir Freud, au point de se poser en Christophe Colomb de l’âme humaine, avait déjà été exploré dans les romans de Dostoïevski, quelques pages de Nietzsche ou de Maupassant, qui a vécu jusqu’à la folie « l’inquiétante étrangeté »…

 

Comme je comprends toutes ces personnes qui, lorsque le sommeil les prend, n’ont qu’un désir : celui de ne pas rêver

 


Frédéric Perrot

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