Année
année
maudite
année
collée
année-nausée
année
qui en est quatre
qui
en est cinq
année
qui sera bientôt toute notre vie
Buveuse
taraudeuse
ornée
de bernés
Année,
la narine au vent
mais
rien ne vient
Souffrance
sur
ta coque vide !
Anxiété
sur
ta coque vide !
Famine
sur
ta coque vide !
Année,
année, année
que
nous ânonnons sans fin
compagnons
de la cendre
des
débris calcinés
poursuivis
de plis
poursuivis
de plaies
A
quand ton vin ?
Singeuse
de grandeur
mal
balancée
balancée
de ci de là
d’ici
à là…
Et
s’échappera-ton jamais de toi ?
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Le poème appartient au recueil Épreuves,
exorcismes (1940-1944). Comme l’inepte rhétorique guerrière a envahi
tous les discours, il ne m’a pas paru inutile de rappeler que la violence psychologique
et concrète d’une guerre, c’est autre chose.
Phrases finales de la Préface d’Henri Michaux
:
« Pour qui l’a compris, les poèmes
du début de ce livre ne sont point précisément faits en haine de ceci, ou de
cela, mais pour se délivrer d’emprises.
La plupart des textes qui suivent sont en
quelque sorte des exorcismes par ruse. Leur raison d’être :
tenir en échec les puissances environnantes du monde hostile. »
C'est bête, il y a un dessin de Michaux que je voudrais accompagner au texte ici, mais on ne peut pas. Je te l'enverrai.
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