lundi 13 novembre 2017

la blancheur de la baleine

Dessin Birte Hartmann


« Sans parler de ce qui saute aux yeux à propos de Moby Dick et qui peut effrayer l’âme de n’importe quel homme, il y avait une autre image ou plutôt une autre idée terrible d’elle, indescriptible toutefois, mais qui par, son intensité, dépassait parfois tout le reste ; quelque chose de mystique, voire d’ineffable, qui désespérait l’entendement. 
Par-dessus-tout, c’est la blancheur de la baleine qui m’épouvantait. Bien qu’y ayant déjà fait allusion par ailleurs d’une manière vague du reste, et au hasard de la plume, comment m’expliquer à ce sujet ?
Il est admis que la blancheur, par sa pureté, rehausse la beauté de maintes choses naturelles : marbres, laques, perles ; et il est connu que plusieurs nations ont donné une certaine prééminence royale à cette couleur sur toutes les autres ; les vieux rois barbares et grandioses de Pégu, avant tout autre titre se disaient « Seigneurs des Eléphants Blancs », et les modernes rois du Siam font figurer sur l’étendard royal ce même quadrupède blanc de neige. »

(Herman Melville, Moby Dick, chapitre 42, « La blancheur de la baleine »)  

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