mercredi 29 novembre 2017

la grève des mots (texte de Kelig Nicolas)

À l’origine (juillet 2015), il y a une suggestion d’une amie, pour écrire, un thème : LES MOTS ! J’ai écrit un poème plus ou moins honnête, baptisé « Parmi tant de mots ». Mais comme le principe m’amusait, j’ai lancé le jeu, j’ai fait circuler l’idée ; invitant quelques amis à poursuivre sur le même thème.

Le texte qui suit est la contribution de Kelig Nicolas.   


La grève des mots


Assez de mots ressassés, piétinés, asséchés, malmenés, bafoués
Assemblés pour tromper
C’est entendu ces temps tendus
Les mots retournent sous la langue se réparer
Se lovent bouche muette et boudeuse
Dents en dedans se recomposent à l’abri
Ils refusent de sortir
Ils ne préfèrent pas s’émettre
Une colonie pénitentiaire de mots réfractaires
Refusent de partir à la guerre
Ils portent des messages fraternels collés à la peau
Ils ont décidé de se rassembler
Pour dire à l’inverse
De ce qu’on nous fait avaler
Comme boniments malfaisants
Comme faits truqués
Ils sont fatigués des mensonges qui torturent l'esprit
Ils sont épuisés de servir à manipuler
Ils n’ont plus d’eau ni de sel
Ils sont secs et comme morts
Sous la langue commune ils retrouvent un peu de vie et de bonheur
Ils sont imagés, ils portent ensemble des paquets de rêves
Des lueurs d'espoir, des morceaux de raison, de vraies histoires
A se parler animés en langages réinventés.

2 commentaires:

  1. Ah voilà

    http://aufildelavie.hautetfort.com/archive/2015/07/01/la-greve-des-mots-5649181.html

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  2. Merci Frédéric, j'ai eu plaisir à retrouver cette prime version. C'était bien ces textes sur le thème "les mots".
    Voici ce que le poème est devenu.



    Migrateurs



    Assez de mots ressassés, piétinés, asséchés, malmenés, bafoués
    assemblés pour tromper

    il fait un temps de chien
    à ne pas mettre un chat dehors

    trop c'est trop
    c'est entendu ces temps tendus
    les mots s'en retournent sous la langue
    se lover

    bouche muette boudeuse
    dents en dedans recomposent à l'abri
    se calfeutrent

    ils refusent d'aboyer
    ils préfèrent ne pas s'émettre
    une colonie pénitentiaire de mots réfractaires
    refusent de partir à la guerre

    on les prend en otage
    quand on les utilise
    à mauvais dessein

    un jour ils portent des messages
    ensemble, fraternels, à fleur de peau
    ils se décident à se rassembler, solidaires
    pour renverser la soupe empoisonnée
    qu'on nous fait avaler
    boniments malfaisants, faits truqués
    la coupe déborde
    honte bue

    ils sont épuisés des mensonges qui torturent les esprits
    ils en ont plus qu'assez de servir à manipuler

    en chaque langue
    en langages communs ils retrouvent
    du goût à vivre en aimant son prochain
    ils sèment de l'espoir
    parlent de nos histoires nos vies
    ouvrant les brèches vers des voies de secours
    vies à suivre
    on en prend de la graine

    demain peut être meilleur chantent-ils
    avec les oiseaux au courage

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