mercredi 8 janvier 2025

Nietzsche, Par-delà bien et mal (quatrième section, extraits)

 


78

 

Qui a pour soi du mépris s’accorde encore du prix comme auteur de ce mépris.

 

94

 

Maturité de l’homme : cela veut dire avoir retrouvé le sérieux qu’enfant, on mettait dans ses jeux.

 

97

 

Comment ? Un grand homme ? Je n’y vois jamais que le comédien de son idéal personnel.

 

100

 

Nous nous faisons passer à nos yeux pour plus simples que nous ne le sommes : nous nous reposons ainsi de nos semblables.

 

112

 

Qui se sent prédestiné à voir et non à croire trouve tous les croyants trop bruyants et importuns : il s’en protège.

 

120

 

La sensualité précipite souvent la croissance de l’amour, de sorte que la racine reste faible et s’arrache facilement.

 

133

 

Qui ne sait trouver le chemin menant à son idéal vit une vie plus frivole et plus impudente que l’homme sans idéal.

 

146

 

Que celui qui lutte avec des monstres veille à ce que cela ne le transforme pas en monstre. Et si tu regardes longtemps au fond d’un abîme, l’abîme aussi regarde au fond de toi.

 

153

 

Ce qui se fait par amour s’accomplit toujours par-delà bien et mal.

 

156

 

La folie est chose rare chez les individus, – mais dans les groupes, les partis, les peuples, les époques, c’est la règle.

 

157

 

La pensée du suicide est un vigoureux réconfort : elle aide à bien traverser plus d’une mauvaise nuit.

 

158

 

À notre pulsion la plus forte, au tyran qui nous habite se soumet non seulement notre raison, mais même notre conscience.

 

160

 

On n’aime plus assez sa connaissance sitôt qu’on la communique.

 

161

      

Les poètes traitent leurs expériences de manière éhontée : ils les exploitent.

 

168

 

Le christianisme fit boire du poison à Éros : – il n’en mourut pas, mais dégénéra, en vice.

 

175

 

C’est finalement son désir qu’on aime, et non l’objet désiré.

 

179

 

Les conséquences de nos actes nous empoignent aux cheveux, en se moquant bien que nous nous soyons « améliorés » entre-temps.

 

 

 

 

Nietzsche, Par-delà bien et mal

Traduction et édition de Patrick Wotling

 

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