78
Qui a pour soi du mépris
s’accorde encore du prix comme auteur de ce mépris.
94
Maturité de
l’homme : cela veut dire avoir retrouvé le sérieux qu’enfant, on mettait
dans ses jeux.
97
Comment ? Un grand
homme ? Je n’y vois jamais que le comédien de son idéal personnel.
100
Nous nous faisons passer
à nos yeux pour plus simples que nous ne le sommes : nous nous reposons
ainsi de nos semblables.
112
Qui se sent prédestiné à
voir et non à croire trouve tous les croyants trop bruyants et importuns :
il s’en protège.
120
La sensualité précipite
souvent la croissance de l’amour, de sorte que la racine reste faible et
s’arrache facilement.
133
Qui ne sait trouver le
chemin menant à son idéal vit une vie plus frivole et plus impudente que
l’homme sans idéal.
146
Que celui qui lutte avec
des monstres veille à ce que cela ne le transforme pas en monstre. Et si tu
regardes longtemps au fond d’un abîme, l’abîme aussi regarde au fond de toi.
153
Ce qui se fait par amour s’accomplit
toujours par-delà bien et mal.
156
La folie est chose rare
chez les individus, – mais dans les groupes, les partis, les peuples, les
époques, c’est la règle.
157
La pensée du suicide est
un vigoureux réconfort : elle aide à bien traverser plus d’une mauvaise
nuit.
158
À notre
pulsion la plus forte, au tyran qui nous habite se soumet non seulement notre
raison, mais même notre conscience.
160
On n’aime plus assez sa connaissance sitôt
qu’on la communique.
161
Les poètes traitent leurs expériences de
manière éhontée : ils les exploitent.
168
Le christianisme fit
boire du poison à Éros : – il n’en mourut pas, mais dégénéra, en vice.
175
C’est finalement son désir qu’on aime, et
non l’objet désiré.
179
Les conséquences de nos
actes nous empoignent aux cheveux, en se moquant bien que nous nous soyons
« améliorés » entre-temps.
Nietzsche, Par-delà bien
et mal
Traduction et édition de Patrick Wotling
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