dimanche 5 janvier 2025

Le surhomme de canapé (fantaisie)

 

« On ne peut penser et écrire qu’assis (G. Flaubert). – Je te tiens là, nihiliste ! Rester assis, c’est là précisément le péché contre le Saint-Esprit. Seules les pensées qui vous viennent en marchant ont de la valeur. »

                                                                  Nietzsche, Le Crépuscule des idoles

 

 

Le surhomme de canapé

Prêt à en découdre

Avec le monde entier

Se laisse volontiers filmer

Devant une bibliothèque

Aux dimensions pharaoniques

Dont les milliers d’ouvrages

Doivent assoir son autorité

Ce dont est capable

N’importe quel imbécile

Onfray ou Pierre-Yves Rougeyron  

Comme s’il était difficile

D’accumuler des livres

Mais passons !

 

Dans ce décor convenu et bourgeois

Notre surhomme de canapé

Oubliant ce que l’on apprend de Nietzsche

En deuxième année

Vomit sa haine de tout et n’importe quoi

Le ressentiment suinte par tous ses pores

C’est très pénible à voir

Et les mots creux succèdent aux mots creux

Deviennent étirables comme des élastiques

Ou un chewing-gum dégueulasse

Déjà passé par mille et mille bouches…

Une véhémence confuse tient lieu de pensée

 

Chacun a sa petite boutique

Son explication globale de tous les maux

Soral c’est les juifs quel que soit le libelle

Onfray Maastricht et la modernité critique

Rougeyron les filles aux cheveux bleus

Les pédales et les bandits de Bruxelles ! 

 

Ce sont des Assis comme les nommait Rimbaud

Dans leur canapé ou sur un plateau

Des logopathes qui monologuent discourent

Et s’aiment monologuant d’un vibrant amour !

 

Mais quelle soif de désastre

Et quelle soif de sang !

Ils partiraient en guerre

Contre l’humanité entière…

S’ils n’étaient pas séniles

Ou juste impuissants !

 

 

                               Frédéric Perrot

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