J’aurais voulu parler de cela sans image
Des amis des amours de ce qu’il en advint
Montrer
ce monde et ses visages
Dans
la couleur des années vingt
Et j’aurais retracé le vieil itinéraire
Refait patiemment dans le passé décrit
Les
pas réels qui nous menèrent
D’un
bout à l’autre de Paris
D’un bout à l’autre de la nuit et de
nous-mêmes
Les yeux perdus le cœur battant la tête en
feu
Pris
à notre propre système
Battus
à notre propre jeu
Nous qui disions tout haut ce que les
autres turent
L’outrage pour soleil et pour loi le défi
Opposant
l’injure à l’injure
Et
le rêve aux philosophies
Univers furieux de paille et de paroles
J’ai peine à démêler le délire et la vie
Il
n’y a que des herbes folles
Sur
le chemin que j’ai suivi
Je revois ce temps-là sans y plus rien
comprendre
Pour qui ne brûle plus la flamme est sans
objet
Le
souvenir n’est qu’une cendre
Une
ombre au mur qui me singeait
Si je tourne mes yeux vers ces heures premières
Je ne reconnais plus à leurs gestes
déments
Dans
l’affolement des lumières
Ceux
que nous fûmes un moment
Malgré tout ce qui vint nous séparer
ensemble
O mes amis d’alors c’est vous que je
revois
Et
dans ma mémoire qui tremble
Vous
gardez vos yeux d’autrefois
Nous avons comme un pain partagé notre
aurore
Ce fut au bout du compte un merveilleux
printemps
Toutes
les raisons tous les torts
N’y
font rien mes amis d’antan
Il faut bien accepter ce qui nous
transfigure
Tout orage a son temps toute haine
s’éteint
Le
ciel toujours redevient pur
Toute
nuit fait place au matin
Même si tout cela nous paraît dérisoire
Un avenir naissant nous unit à jamais
Où
l’on raconte des histoires
Pleines
de notre mois de mai
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