lundi 6 février 2023

À fréquenter la médiocrité (variation, pour Alain)

 

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même… ». Ce serait bien peu l’aimer !

 

La haine de soi lui tenait lieu de gymnastique intellectuelle. Tous les matins, devant sa glace, il commençait par s’adresser quelques vilaines grimaces, avant de s’insulter vertement. Puis, se composant un visage, il partait à son travail.

 

Détester l’humanité entière est pardonnable, quand on a vingt ans. La misanthropie n’est plus ensuite qu’un vice de l’âge.

 

Ce vieux loup solitaire mène une vie très chaste : il ne couche plus qu’avec sa douleur…

 

Ce sinistre individu n’est qu’un trou noir, qui cherche à vous aspirer dans sa réalité de cauchemar… Je préfère le poison lent de la solitude à la toxicité de certains rapports humains.

 

Dans mes accès de mégalomanie, je me crois le contemporain de personne !... Puis la voisine vient sonner à ma porte, pour me demander gentiment, d’une voix lasse, de baisser le son de la musique.

 

Cet écrivain était déjà un vieux con à vingt ans… Mystère d’un homme qui n’a jamais eu de jeunesse. Par la suite, il confirma largement tous les espoirs que les réactionnaires plaçaient en lui.

 

Il est un esprit rapetisseur… Tout ce qu’il touche, il le rend petit et insignifiant. Telle est son intention. Il souhaite que tout le monde soit aussi médiocre que lui.

 

C’est un homme très occupé : il disperse à tout vent des miettes de son petit univers…

 

Il te sera arrivé tout ce que tu auras écrit. Et comme tu n’as jamais écrit que sur l’échec...

 

Plus sûrement que tout, nous tuent les imbéciles.

 

Je ne veux plus entendre parler de l’amour, ai-je un jour imprudemment écrit… Et l’étonnant est que la vie m’a pris au mot.

 

De jour en jour fatigué, jusqu’à la fatigue finale…

 

Le désir inconscient de mourir se manifeste dans la répétition mécanique de gestes accomplis sans plus y croire…

 

Je ne suis pas désolé pour… Je n’écrirai jamais le moindre mea culpa. Le tribunal intérieur a déjà rendu sa sentence.

 

Maintenir intact le scandale de la mort. Ne pas l’escamoter…


« J’aime pas trop les scènes d’apocalypse.»

La fin du monde, à supposer qu’elle survienne un jour, risque d’être aussi ennuyeuse que tout le reste.

 


                                                                                            Frédéric Perrot

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