mardi 24 mars 2020

Derrière les volets clos


J’ai fermé les volets. La pénombre m’est profitable. J’aimerais fermer les yeux aussi. Mais une pensée me tracasse et me tracasse d’autant plus que je ne parviens pas à me la formuler clairement, à la saisir en tant que pensée. Cela est irritant, comme une douleur indistincte et pourtant existante.

J’ai eu raison de fermer les volets. Le soleil isole et il meurtrit les yeux. De toute façon, dans ma rue, il n’y a rien à voir, et passer sa journée à la fenêtre, pour épier ses contemporains, c’est un peu une habitude de vieillard. Il faut se méfier des habitudes qui ont plus que notre âge…

Oh comme j’aimerais fermer les yeux une bonne fois… Mais il y a cette pensée informulée qui me tracasse et que je ne peux faire cesser, pas plus qu’on ne décide de faire cesser une douleur… Il me semble que si je parvenais à la saisir, à l’enfermer dans quelques mots qui la rendraient objective, je pourrais considérer plus sereinement certains aspects de mon existence.

Mais cela aussi sans doute n’est qu’une illusion…

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            Le texte a été écrit à l’été 2015 à Marseille, puis revu pendant l’été 2017 à Schiltigheim. Traitant de l’obsession – une obsession sans objet – il prend peut-être un autre sens en mars 2020.

Frédéric Perrot

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