Vittorio Papermade |
Devenir vieux
Ces choses futiles que la jeunesse prise,
Je les ai moi aussi bien longtemps vénérées,
Les boucles, cravates, les casques et épées,
Et puis surtout les petites femmes bien mises.
À présent seulement je comprends clairement,
Maintenant que pour moi, le vieux gamin chenu,
Toutes ces choses-là sont bel et bien perdues.
À présent seulement je comprends clairement
Combien étaient sages ces désirs d’antan.
Les rubans dans les cheveux, les bouclettes,
Et cet enchantement bientôt disparaîtront ;
Mais ce qu’au cours de l’existence j’ai acquis,
La sagesse, la vertu, les bonnes chaussettes,
Sera pour mon malheur bien vite enfui ;
Alors les grands froids sur la terre régneront.
Comme il est merveilleux pour les vieilles gens
De goûter un bourgogne auprès du feu
Et de partir enfin sans adieux douloureux –
Mais pas encore, un peu plus tard, pas maintenant !
Le poème est extrait du livre Éloge de la vieillesse d’Hermann Hesse (1877-1962), écrivain admirable, prix Nobel de littérature (1946) et auteur entre autres des romans : Demian, Siddhartha, Le Loup des steppes, Narcisse et Golmund.
Hermann Hesse, Éloge de la vieillesse
Traduit de l’allemand par Alexandra Cade.
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