jeudi 28 mars 2019

deux poèmes de marins (avec un dessin d'Alain Minighetti)



À la santé


Je bois à la santé
Des hommes partis au large
Et qui pendant des mois
Aimeront toutes les femmes

Car ils n’en ont aucune
Sous les yeux
Sous la main

Et qu’on peut préférer
À la femme réelle
Les voilures du rêve



Jour de fête


C’est jour de fête
Les idiots se gorgent de rêves
Écrivent dans l’air
Un nom aimé

Plus tard ils se gorgeront
Seulement de bières
Comme tout le monde
Sous les enseignes lumineuses

Peu importe ce que l’on fête
Il s’agit d’être dehors dans la rue
Parmi les cris et les mouvements désordonnés
De toute une foule d’excités

L’homme seul aime les marées humaines 
Et observer la joie des autres
Peu importe ce que l’on fête
Et peu importe le lendemain



Les deux textes appartiennent au recueil inédit Mosaïques contemporaines (septembre 2015).  À l’origine, À la santé est inspiré d’une phrase d’Herman Melville : « …j’aime tous les hommes qui plongent.» (Lettre du 3 mars 1849, D’où viens-tu Hawthorne ?). Frédéric Perrot.

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