lundi 21 décembre 2020

La Vérité avant-dernière de Philip K. Dick (présentation)

 


La Vérité avant-dernière est un roman de Philip K. Dick publié en 1964, soit deux ans après Le maître du Haut Château. Le roman est censé se dérouler en 2025. Des millions d’êtres humains vivent comme des esclaves dans des « abris souterrains », où ils construisent et réparent des soldats-robots ou « solplombs » comme ils sont appelés, soutenant ainsi l’effort de guerre. En effet, les deux blocs qui contrôlent la planète depuis la fin de La Seconde Guerre mondiale, sont toujours censés être en guerre, une guerre interminable et catastrophique qui a éclaté en 2010. Grâce à l’alternance des points de vue, le lecteur comprend rapidement que tout cela est faux : la guerre n’a duré que deux ans, la planète est certes ravagée, il y a des zones « irradiées », toutes les espèces animales ont disparu, mais les millions d’êtres humains qui vivent dans les « abris » pourraient sans risque remonter à la surface, les « virus » et maladies délirantes dont on les menace, n’existant simplement pas. En fait, les deux blocs se sont entendus pour maintenir l’illusion de cette guerre et la planète est tombée aux mains de quelques « Seigneurs », au sens féodal du terme, qui règnent sur d’immenses « domaines » de milliers d’hectares. Les habitants des « abris » sont les victimes inconscientes des films de propagande qui leur sont diffusés et présentent les images d’effroyables batailles menées par les « solplombs » : ainsi de la destruction de la ville de Détroit ! Ainsi que des discours de Talbot Yancy, président prétendu du Bloc-ouest et qui assis derrière son bureau de « chêne » n’est qu’un robot, un « mannequin » dont les déclarations sont écrites par différents « rédacteurs ». Les « Seigneurs », la caste des « Yancees » travaillent aussi comme dans 1984 d’Orwell à réécrire le passé, disposant pour cela d’appareils leur permettant d’envoyer des « objets » des siècles auparavant. Il existe évidemment des conflits et rivalités entre les « Yancees » et le roman est entre autres (!) le récit du complot compliqué ourdi par « l’abominable » Stanton Brose pour se débarrasser de « l’architecte » Louis Runcible qui « construit les grands ensembles de conapts » ! Parmi les « Yancees », seul le pauvre Joseph Adams a des problèmes de conscience face à l’énormité de la « falsification » et aux agissements de Stanton Brose pour maintenir les masses dans l’ignorance. C’est un petit « rédacteur » angoissé et faible, et qui dans sa belle « villa » souffre de ce qu’il nomme le « brouillard » « de l’intérieur » : la solitude…  
                                                                       

                                                                        Frédéric Perrot
 
Philip K. Dick, The Penultimate Truth.
Traduction d’Alain Dorémieux. 

2 commentaires:

  1. On ne saurait mieux dire...
    A+

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  2. Ecoute !

    https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/ariel-kyrou-dans-limaginaire-du-futur

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