mardi 17 mars 2020

Nous ne sommes pas en guerre

                                        La force des imbéciles, c’est leur nombre.


          Nous ne sommes pas en guerre malgré les apparences.

Parfois et même souvent, on voudrait nous le faire croire, on nous l’assène, c’est un discours dominant, presque une prémonition, c’est dans l’air ; et c’est sans doute pour cette raison qu’il règne par ici une telle puanteur…

Les légitimes motifs d’inquiétude sont d’ailleurs « nombreux et variés ». Un ministre se déplace très irrité et dit qu’il juge cela inacceptable. Dans un même geste, il désigne à la vindicte quelque population choisie selon des critères rigoureux : en général des faibles, des pauvres ou les deux. Pauvreté n’est pas vice, mais si la pauvreté a la couleur de l’étranger, du débarqué de la veille, c’est encore mieux : le public est conquis. Salves d’applaudissements pour le ministre très irrité déjà parti creuser d’autres tranchées !

Nous ne sommes pas en guerre non plus contre tous ceux qui pour des motifs obscurs vivent au-delà de nos frontières, parfois même sur d’autres continents qui vus à la télévision semblent un peu exotiques, voire rudimentaires.

       « Ce que ces gens peuvent être sales ! Ils parlent un baragouin que personne ne comprend et certains d’entre eux semblent sincèrement nous détester ! »

Ici un journaliste dirait sans doute fort à propos que « l’inquiétude grandit dans les chaumières ». Et l’on se demande très étonné où il a pu en voir ces jours-ci ! Des chaumières ! Ne pourraient-ils pas moderniser leurs fiches de temps à autre et avoir une vision un peu moins pastorale de ceux à qui ils prétendent s’adresser ?!

        Passons sur les journalistes. Nous ne sommes pas en guerre avec eux non plus.

Car nous ne sommes pas en guerre malgré les apparences et malgré les jeteurs d’huile sur le feu. Fort empressés. Toujours prompts…

Nous ne sommes pas en guerre contre les zouaves d’ici et d’ailleurs…

Oh ! il paraîtrait même qu’entre « toi et moi » la hache a pendant la nuit été enterrée : c’est dire si nous ne sommes pas en guerre !


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Ce texte écrit en 2009 n’a évidemment rien à voir avec la situation actuelle. Il s’agissait à l’époque de se moquer en particulier de Brice Hortefeux et de son ministère au nom ignoble. Inspiré de Bashung pour l’humour un peu potache, réponse légère à une chanson de Leonard Cohen – There is a war –, le texte était dans mon esprit plus une blague agacée qu’autre chose…
Il n’en demeure pas moins qu’un président qui recourt sans vergogne à la rhétorique guerrière doit être, à mon humble avis, considéré avec un certain scepticisme…

Le texte appartient au recueil autoédité Les heures captives (décembre 2012). Frédéric Perrot.

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