mardi 10 mars 2020

Dormir cent ans...


    Dormir cent ans… et telle la belle qu’un simple baiser éveille, ouvrir les yeux sans brusquerie, bercé par de douces visions, des couleurs liquides, arc-en-ciel que laisse fuir un jet d’eau.
     Dormir cent ans… et le corps comme soulagé de son poids de douleurs, un instant encore se souvenir des innombrables rêves de ce siècle disparu, des larmes versées, par les heures dissipées.
     Dormir cent ans… et telle la belle qu’un simple baiser éveille, se lever, épousseter d’un geste souple sa robe de soie blanche, éprouver un léger vertige à se sentir debout et lentement, aller à la fenêtre.
     Dormir cent ans… et l’esprit clair, reposé comme seul peut l’être un enfant, écarter le rideau, de l’immense vitre souffler la poussière, pour embrasser du regard quelque nouvel enfer né de la folie des hommes.


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Plus que du conte, La Belle au bois dormant, le texte est un souvenir d’une vision précise en Hollande : cet « arc-en-ciel que laisse fuir un jet d’eau »…
Il n’est pas impossible non plus que je me sois souvenu de la chanson du Velvet Underground, Venus in furs : « I am tired, I am weary/I could sleep for a thousand years/A thousand dreams that would awake me/Different colors made of tears ».

Le texte appartient au recueil autoédité Les heures captives (décembre 2012).

                                                                  Frédéric Perrot

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