… la vie ne suffit pas.
Fernando
Pessoa
Ce
qui le frappe en cette vie, c’est l’insuffisance. Ce sentiment d’une
insuffisance quasi universelle est le cœur, le nerf de ce qu’il nomme non sans
afféterie, son « atroce » scepticisme… Et par jeu, il se plaît
à énumérer toutes les insuffisances qui lui viennent à l’esprit.
L’amour
est insuffisant, gravement surestimé et n’est jamais ce qu’il devrait être.
L’amitié,
ce « romantisme des hommes », est insuffisante, n’étant guère
à l’abri de la désillusion et des premiers soucis où elle devrait faire ses
preuves.
La
plupart des sentiments sont d’ailleurs insuffisants, quand ils ne sont pas
simplement d’une banalité confondante.
L’intelligence
est insuffisante, toujours prise au dépourvu…
Les
livres sont insuffisants, les arts, à l’exception de la musique, non moins.
L’effort
humain en général est insuffisant, mais peut-être seulement parce qu’il est mal
orienté.
Les
rires et les larmes sont insuffisants.
La
parole est insuffisante : mais cela qui ne le sait pas ?
Cependant
son jeu le lasse et le dégoûte, quand il songe soudain, par un retournement
dont son esprit est coutumier, à ce qu’il y a de trop… Bêtise, cruauté,
violence. Haine, mépris, indifférence. Misères, famines, massacres… Et
nauséeux, il renonce, confronté à tout l’excès du malheur humain…
Le
texte a été écrit au cours des années 2000. La citation complète est :
« La littérature, comme toute forme d’art, est l’aveu que la vie ne suffit
pas. » (Fernando Pessoa, Pages sur la littérature et l’esthétique).
Frédéric
Perrot
J'aime bien!
RépondreSupprimerMerci !
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