Hier, je n’ai pas bu une goutte d’alcool
et je n’ai pas fumé la moindre cigarette. Les résultats de ce bel effort ont
été immédiats. Entre quatre heures et sept heures du matin, j’ai fait des rêves
vraiment pénibles. Boire ou rêver, il faut choisir !
Mon double me reproche mes amours
coupables avec Hervé Guibert, dont j’ai relu dans un ordre inversement chronologique
L’homme au chapeau rouge et Le protocole compassionnel. J’ai expliqué
à mon double que Guibert est un vrai écrivain, souvent cruel. J’ai lu la
plupart de ses livres, je ne les aime pas tous, certains n’étant que pornographiques…
« Mais ce n’est pas du Christine Angot ! » En fait, je soupçonne
mon double d’être simplement jaloux : puisque je lui refuse de venir s’allonger
dans mon lit depuis au moins quinze jours.
En revanche, je n’ai toujours pas relu
pour la troisième fois À la
Recherche du temps perdu. J’ai une excuse : je ne l’ai
pas lue une fois.
Je me suis beaucoup ennuyé entre 11 heures
15 et 16 heures 50.
J’ai enfin décrassé ma cafetière. Elle en
avait bien besoin. Je me suis félicité de cet exploit.
Je me suis également félicité – les gens
se félicitent beaucoup eux-mêmes en confinement – d’avoir répondu à un élève au
sujet d’un travail donné. Suivant les consignes officielles, pour ne pas dire rectorales,
adjectif qu’avec mon mauvais esprit je trouve vulgaire, et qui nous encouragent
lesdites consignes au mensonge par omission, je me suis bien gardé de lui dire
que son travail et le mien étaient de toute façon parfaitement inutiles.
Je me suis demandé un instant si Michel
Houellebecq avait arrêté de boire, son texte lu sur France Inter cette semaine étant
à peu près correct. Quoique partir sur l’opposition de Nietzsche et de Flaubert
est à la portée de tout le monde : je l’ai moi-même fait !
Je n’avais pas noté un mot dans mon
Journal – le vrai – depuis le 21 mars. J’ai repris un peu. Mais vous n’en
saurez rien. Il n’est pas public !
En
ce qui concerne le déconfinement, moi, personnellement, je vais rester chez moi…
Moi, personnellement, je : vous admirerez cette triade !
Frédéric
Perrot
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