vendredi 17 janvier 2020

Une cécité d'âme


                                                     The saddest thing that I’d ever seen
                                                     Were smokers outside the hospital doors
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Je vis les yeux fermés. J’ignore sans difficulté la détresse commune. Je ne viens pas en aide, je ne console pas, je ne daigne pas être utile.
Je vis les yeux fermés. Je me désolidarise des convulsions du monde. Je ne me sens concerné par rien, je n’ai pas de réponses, je suis las des questions.
Je vis les yeux fermés. Je sais m’éviter les affres de la mauvaise conscience. Je suis prisonnier de moi-même, je n’oublie pas de m’en plaindre, je ne sais pas ce qu’est le courage.

Et dans la chambre d’hôpital, alors que tu te tordais de douleur, qu’ai-je ressenti, sinon un vague ennui ? Et dans la chambre d’hôpital, alors que tu partais, qu’ai-je fait, sinon fermer les yeux encore, sinon me réfugier encore dans le vaste désert qu’est mon âme ?  



         Le texte appartient au recueil inédit La perte d’un visage (été 2005). Comme plusieurs textes de cette époque, il a été écrit en songeant à un ami, Nicolas Wagener (1973-2002). Frédéric Perrot.

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