jeudi 25 juillet 2019

avant même de commencer

                                                 « La mort viendra et elle aura tes yeux… »
                                                                                    Cesare Pavese

C’est un paysage de dunes d’un gris de cendre, sous un ciel bas d’un gris semblable. Il est là, fétu de paille chassé par le vent, jusqu’à ce qu’il aperçoive, au loin, une autre forme humaine. Ce ne peut être un mirage, une illusion et il s’approche. C’est une très jeune fille, aux cheveux longs et clairs, vêtue d’une belle robe blanche de communiante… Elle est pieds nus et sur le sol à un pas de distance est posé un échiquier aux superbes pièces ouvragées. Elle s’assoit en silence et cela est comme une invitation à faire de même. Il aimerait lui dire quelque chose, mais il a perdu l’habitude de parler et elle ne semble désireuse que de jouer, avançant ses pièces avec assurance et comme si elle connaissait l’infinité des combinaisons possibles. Piètre joueur, il tente faiblement de contenir ses assauts et les terribles percées qu’elle accomplit dans ses lignes de défense. Peut-être n’ont-ils joué que dix coups et déjà se profile sa défaite. Il aimerait lui dire quelque chose, mais il a compris la nature exacte de son adversaire. Ce n’était qu’un mirage, une illusion, une ultime déloyauté pour se rendre attirante… Il aurait dû savoir que la partie était perdue avant même de commencer.


                                                                    Frédéric Perrot – juillet 2019


Cesare Pavese

Source image : Langhe.net

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