mardi 25 octobre 2022

Albert Camus, L'homme révolté (notes au fil de la lecture)


 

« L’homme est la seule créature qui refuse d’être ce qu’elle est. »

 

« Les suicides de protestation » : « Remarquons ensuite que la révolte ne naît pas seulement, et forcément, chez l’opprimé, mais qu’elle peut naître aussi au spectacle de l’oppression dont un autre est victime. Il y a donc, dans ce cas, identification à l’autre individu. Et il faut préciser qu’il ne s’agit pas d’une identification psychologique, subterfuge par lequel l’individu sentirait en imagination que c’est à lui que l’offense s’adresse. Il peut arriver au contraire qu’on ne supporte pas de voir infliger à d’autres des offenses que nous-mêmes avons subies sans révolte. Les suicides de protestation, au bagne, parmi les terroristes russes dont on fouettait les camarades, illustrent ce grand mouvement.»

 

« Le ressentiment est très bien défini par Scheler comme une auto-intoxication, la sécrétion néfaste, en vase clos, d’une impuissance prolongée. La révolte au contraire fracture l’être et l’aide à déborder. »

 

Sur Sade – « L’écrivain, malgré quelques cris heureux et les louanges inconsidérées de nos contemporains, est secondaire. »

 

« Dès l’instant où l’homme soumet Dieu au jugement moral, il le tue en lui-même. »

 

« Si le nihilisme est l’impuissance à croire, son symptôme le plus grave ne se retrouve pas dans l’athéisme, mais dans l’impuissance à croire ce qui est, à voir ce qui se fait, à vivre ce qui s’offre. »

 

« Le chaos lui aussi est une servitude. » 

 

« Pour ne pas se haïr soi-même, il faudrait se déclarer innocent, hardiesse toujours impossible à l’homme seul ; son empêchement est qu’il se connaît. »

 

Sur André Breton – « … faute de pouvoir se donner la morale et les valeurs dont il a clairement senti la nécessité, on sait assez que Breton a choisi l’amour. Dans la chiennerie de son temps, et ceci ne peut s’oublier, il est le seul à avoir parlé profondément de l’amour. »

 

« L’insurrection humaine, dans ses formes élevées et tragiques, n’est et ne peut être qu’une longue protestation contre la mort, une accusation enragée de cette condition régie par la peine de mort généralisée. »

 

Sur la mort de Louis XVI – « Certes, c’est un répugnant scandale d’avoir présenté comme un grand moment de notre histoire l’assassinat public d’un homme faible et bon.»

 

Sur Hitler – « Hitler présente le cas, unique peut-être dans l’histoire, d’un tyran qui n’a rien laissé à son actif. Pour lui-même, pour son peuple et pour le monde, il n’a été que suicide et meurtre. »


« L’abstraction, propre au monde des forces et du calcul, a remplacé les vraies passions qui sont du domaine de la chair et de l’irrationnel. »

 

 

Ces quelques notes ont été prises en février 2020. Frédéric Perrot

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