jeudi 8 juin 2023

Dans l'arène (pour Anthoni)

Vincent Van Gogh, Le café de nuit (1888)


Jeté dans l’arène

En regimbant

Tu trébuches malgré toi

Sous la chaude haleine

D’un bouge étouffant

 

Foule des fins de semaines

Des excités s’en prennent

À d’autres excités

Tu n’es qu’une éponge

Qui de tout s’imprègne 

 

Tu trébuches refuses

Les combats de coqs

Et comment plus tard

Exprimeras-tu

Toute cette eau morte ?

 

Un gros lourd en marcel

Fait un cours en gueulant

Sur la guerre en Ukraine

Oh le front de taureau

De la bêtise humaine

 

L’étudiante espagnole

Qui ne veut que danser

Fait mine d’opiner

Et cherche du regard

Quel bellâtre alpaguer

 

Le gros lourd matador

Épris de sa parole

Tonne souffle pérore

Pour elle pour lui

Pour l’univers entier 

 

Alors que chacun sait

Nul n’ignore senior

Qu’elle ne pipe pas

Un mot de français

No sé no sé no sé…

 

Tu voudrais être ailleurs

Au sud de nulle part

Et rêves d’une voix

Laissant dans l’air raréfié

Les traces d’un alphabet secret…

 

En lieu et place de quoi

Comme toujours tu as droit

À la voix de mégère

De pocharde

De la Réalité :

 

Eh le poète

Arrête tes plans

Sur la comète

Descends de ton nuage

          Je suis en sueur

          En nage

Tu me paies un coup

Et peut-être que tu pourras

M’en mettre un plus tard

Si tu tiens debout !

 

 

Frédéric Perrot


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