dimanche 17 juillet 2022

Philip K. Dick, Substance Mort


 

Quatrième de couverture

 

Dans une Amérique imaginaire livrée à l’effacement des singularités et à la paranoïa technologique, les derniers survivants de la contre-culture des années 60 achèvent de brûler leur cerveau au moyen de la plus redoutable des drogues, la Substance Mort.

Dans cette Amérique plus vraie que nature, Fred, qui travaille incognito pour la brigade des stups, le corps dissimulé sous un « complet brouillé », est chargé par ses supérieurs d’espionner Bob Arctor, un toxicomane qui n’est autre que lui-même.

Un voyage sans retour au bout de la schizophrénie, une plongée glaçante dans l’enfer des paradis artificiels.

      

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Substance Mort est sans doute le plus personnel et le plus sombre des romans de Philip K. Dick Malgré cette invention du « complet brouillé » derrière lequel le personnage se dissimule et qui permet à l’intrigue de se développer selon une logique paranoïaque, comme Confessions d’un barjo, qui appartient pour le coup à cette fameuse « littérature générale » à laquelle aspirait tant l’auteur, c’est à peine un roman de science-fiction. C’est plutôt de la chronique sociale déjantée et la description du quotidien misérable de quatre losers drogués à mort qui partagent une maison dans une banlieue de Californie. Ils ne fichent strictement rien de leurs journées sinon des choses absurdes et leurs interminables conversations sont celles d’un groupe de drogués : elles ne volent pas haut et ne présentent aucun intérêt pour Fred, qui les visionne. On retrouve ici l’humour féroce de K. Dick : les « complets brouillés » qui sont nombreux et constituent la cheville ouvrière de cette société de la surveillance généralisée, doivent se farcir des heures de bandes vidéo ineptes, où ils n’apprennent évidemment rien qui justifierait leur activité, puisque ces drogués ne sont à aucun moment des éléments dangereux ou subversifs, ils sont juste cramés et « flippés ». Tous perdent pied au fur et à mesure du roman et en particulier ce Fred qui est chargé de se surveiller lui-même et dont on comprend vite qu’il finira très mal…  Un voyage au bout de l’enfer… Pour les personnages, K. Dick s’est inspiré de certains de ses amis :

«… pendant que j’écrivais ce roman, j’ai appris que la personne qui servit de modèle à Jerry Farbin s’était tuée. Celui de mes amis que j’ai utilisé pour construire le personnage d’Ernie Luckman était mort avant que j’entreprenne mon roman. »

Cette « Note de l’auteur » est d’une gravité unique dans l’œuvre de K. Dick et révèle le véritable projet du livre, qui est écrit en mémoire (« In memoriam ») des morts et des naufragés, dont la liste est longue, occupe une demi page.

 

« À Gaylene décédée

À Ray décédé

À Francy psychose permanente

À Kathy lésion cérébrale permanente

À Kim décédé

À Val lésion cérébrale massive et permanente… »

 

 

 

Philip K. Dick, Substance Mort

Traduit de l’américain par Robert Louit

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