vendredi 18 septembre 2020

Un coup d'épée dans l'eau

 

L'Octogone des poètes 

Le passeur, homme taciturne, faisait avancer la barque d’un bras ferme. Je lui avais abandonné tout ce que j’avais et son mutisme m’était pénible. Le brouillard étant tombé, je ne distinguais rien et grandissait en moi le sentiment que ma traversée devenait plus symbolique que réelle. Jamais je n’aurais soupçonné que le fleuve fût si large… Jamais je n’aurais cru que pût exister un tel silence…

Le passeur, calme bloc impavide, se tenait à l’avant et j’aurais tant aimé établir avec lui un semblant de contact. Malgré nos différences, malgré mon dénuement, nous étions tous les deux selon moi des êtres humains… Mais comme je ne parlais pas sa langue, je ne soufflais mot et attendais anxieusement.

Je ne pouvais me résoudre à l’idée que mon désir ne demeure une fois de plus qu’un coup d’épée dans l’eau.

 

Le texte a été écrit en 2019. Je l’ai lu hier soir à L’Octogone des poètes. Frédéric Perrot.

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