dimanche 18 novembre 2018

rêve sous surveillance (accompagné d'un dessin d'Eric Doussin)

Eric Doussin


Une femme nue assise à un bureau
Note ses faits et gestes

Une lampe conventionnelle éclaire son front soucieux
Et les mouvements nerveux de son stylo à bille

Elle est un signal symbolique une image implantée
Afin qu’il se souvienne que son rêve est surveillé

La fenêtre du salon est ouverte sur un paysage
Sans commune mesure avec les paysages de l’enfance
           
Puisse la vision se stabiliser demeurer immobile
Il n’y a pas d’amour sans repos

Un homme surgi dont on ne sait où
Murmure à son oreille le mot illusion
           
Le ventilateur à qui l’on n’a rien demandé
Se remet à fonctionner

L’homme constitue malgré tout
Un obstacle majeur sur le trajet du balcon

Une main avance une pièce d’échecs
D’invisibles enceintes diffusent une fausse musique infecte

Quitter cet espace piégé devient urgent
Quand la musique cesse une voix explique doctement

Que le dévergondage de la technique et de la science
A rendu possibles de tels placements sous surveillance

Mais ne pourrait-on pas changer une fois de programme
Faire taire cette voix pédante et être ailleurs
           
Dans un décor moins convenu
Et plus conforme à son désir

Un instant seul dans un jardin après la pluie ?

                                             
                                

Le texte est extrait du recueil inédit La solitude imaginaire (octobre 2016). Sur un postulat de science-fiction, le texte décrit un rêve contrôlé et manipulé par une puissance extérieure. Frédéric Perrot 

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