vendredi 14 septembre 2018

les automates de la dérision (avec une encre d'Eric Doussin)

Eric Doussin


                                           À propos de quelques poètes contemporains


Les automates de la dérision s’amusent de la mort d’un oiseau et saluent celle d’un vieux poète en rotant des vers caducs. « Crève, charogne… »

            Ils croient, la belle espérance, empoigner le réel, comme ils disent… Mais ils ne broient que des mots.

            La dérision, qui n’est ni l’humour, ni la fantaisie, est sans doute le nec plus ultra de notre époque. Il s’agit de ricaner comme tout le monde et de montrer que l’on n’est pas dupe… Mais la dérision n’est intéressante que dans la mesure où elle suppose une part de désespoir équivalente. Enfin, on n’écrasera pas de tels cloportes en évoquant pour l’exemple Céline ou Beckett.

Chacune de leurs phrases se conclut par un sourire en coin. Ce sont des grimaciers, des comédiens… Habitués à donner des lectures, ils confondent un peu la poésie et le café-théâtre et écrivent comme s’ils s’adressaient à un public… C’est le one man show du poète.

Ce qui est insupportable, c’est qu’ils compromettent le lecteur, en le supposant aussi ricaneur qu’eux…

Impression merveilleuse – Quand ils écrivent travail, capitalisme, précarité, injustice, vous ne voyez scintiller qu’un mot unique : moi, moi, moi…
Ce que monsieur le poète pense de l’injustice, ce que monsieur le poète pense de la précarité… Et ainsi de suite.

« Je suis poète ». Trois mots, trois grossièretés.

        Aveu d’un poète prétendu : « Moi, j’aime quand c’est débile… ». Qu’ajouter à cette profession de foi ?

            ... Mais qu’ils ricanent et se croient toujours supérieurs à ce qu’ils écrivent… Peu m’importe.

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