pour François,
La mort tiède – L’autre
soir, alors que je ne parvenais pas à dormir, m’est revenue à l’esprit une
suggestion faite par un ami, pour écrire : la mort tiède… Tel serait le
beau titre d’un texte que je n’écrirai pas. Mais il était à l’origine question
je crois de Bartleby, l’énigmatique personnage de Melville, qui meurt sans
révolte ni hauts cris, se laisse aller
à mourir, comme quelqu’un qui glisse sur une pente légère et ne résiste pas, par
désespoir personnel, et en emportant avec lui son secret, qui, dans le cas du
malheureux Bartleby, était peut-être de n’en avoir aucun… Et, le scandale de la mort de cet innocent,
que son innocence rendait inadapté, demeure évidemment inaperçu… Bartleby meurt
dans une prison, comme un vulgaire criminel et sa mort n’a qu’un témoin :
l’Avoué, ce très étrange narrateur de l’histoire, sans doute secrètement
épris….
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Bartleby est la
plus célèbre nouvelle d’Herman Melville et un exemple typique de ce « rapide
obscurcissement » à l’œuvre dans nombre de ses écrits. Ou, comment en une
quarantaine de pages, une histoire étrange, cocasse et très drôle, devient
tragique et bouleversante.
Bartleby est ce
personnage qui se sépare radicalement du monde par une formule qu’il répète et
qui crée le désordre autour de lui : « I would prefer not to ».
Les lectures et
les interprétations de ce conte à la Dickens et du personnage – symbole tour à
tour de l’écrivain ou de « la résistance passive » – sont
innombrables. Mais les plus belles et les plus profondes sont celles de Maurice
Blanchot et de Gilles Deleuze.
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