mardi 7 juin 2022

Si tu me cherches

Eric Doussin

 

                                                                        Pour Ana,

 

Si tu me cherches, je suis dans la chambre. Ce n’est pas une chambre somptueuse ornée de fleurs mortuaires. Ce n’est pas la chambre rêvée de quelque Hollande imaginaire. C’est une chambre plus modeste et c’est notre nid d’amour construit pour nous seuls avec nos mots et nos souffles comme brindilles, et nos vêtements qui s’égaient aux quatre coins.

Si tu me cherches, je suis dans la chambre, et emmailloté dans le drap comme une momie, je repose dans ton odeur… Me contemple une lampe au bel abat-jour bleu. Les murs répercutent les échos de nos joies. Le reste est silence. Et à un moment, dans la pénombre, il se peut que je ferme les yeux…

 

Mais mon amour, que fais-tu ? Si tu me cherches, je suis dans la chambre, voyons… Il me semble à moi que le jeu a assez duré à présent…

Il y a longtemps, si longtemps que je t’ai entendue dans le salon compter en riant jusque cinquante… L’appartement n’a rien d’un vaste labyrinthe et il y a longtemps, si longtemps que tu aurais dû me retrouver…

Oh ! c’est trop tard, mon amour… Regarde, emmailloté dans le drap comme une momie, je me couvre de poussière… Et le reste, tout le reste est silence…

 

 

La « chambre rêvée de quelque Hollande imaginaire » est un hommage un peu appuyé au poème de Charles Baudelaire, L’invitation au voyage. Le reste n’est qu’une plaisanterie un brin funèbre. Ah ! les jeux de l’amour… Le texte appartient au recueil Les heures captives (décembre 2012). Frédéric Perrot.

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