lundi 11 mars 2019

Des mots et des images (L'Abécédaire de Gilles Deleuze)

Gilles Deleuze


Extrait du texte de présentation des trois DVD

Le 4 novembre 1995 disparaissait Gilles Deleuze, l’un des philosophes les plus importants de notre temps. Il n’existe aucun film qui lui soit consacré et il a toujours refusé de participer à une émission de télévision. Il était pourtant, de son vivant, une sorte de star, par l’éblouissement qu’il provoquait chez tous ceux qui assistaient à ses cours et par la gloire que lui ont value ses livres.

Deleuze ne voulait pas d’un film sur lui, mais avait accepté l’idée d’un film avec lui et avec Claire Parnet, qui fut son élève. Ce film est un abécédaire dont chaque lettre renvoie à un mot, de « A comme animal » à « Z comme zigzag ».  

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L’Abécédaire de Gilles Deleuze
Avec Claire Parnet
Produit et réalisé par Pierre-André Boutang
Editions Montparnasse

« La honte d’être un homme, y a-t-il une meilleure raison d’écrire ? »
                            (Gilles Deleuze, Critique et clinique)

dimanche 10 mars 2019

Gravité terrestre (avec un collage d'Eric Doussin)

Eric Doussin

Est-ce gravité terrestre
Si tant d’hommes sur cette planète
S’agenouillent pour la prière
Vénèrent des breloques des fétiches  

Les Grecs anciens
Eurent du moins la sagesse
De donner à leurs dieux
Tous leurs vices

Les trois monothéismes
C’est une toute autre histoire
Tout y paraît grossier archaïque
À commencer par leurs fameux livres...

Est-ce gravité terrestre atavisme
Si tant d’idées fausses circulent dans tant de têtes
Si la superstition l’ignorance et des symboles obsolètes
L’emportent sur le raisonnement

Est-ce gravité terrestre
Si les religions résistent aux démentis de la science
Si l’obscurantisme et le fanatisme
Portent partout la mort hideuse

Est-ce gravité terrestre signe des temps
Si l’on n’ose plus guère
Se réclamer des philosophes
Des Lumières 

Est-ce gravité terrestre
Si l’on préfère se taire
Par instinct de survie
Pessimisme prudent




Le texte est extrait du recueil inédit Mosaïques contemporaines (septembre 2015). Cette publication ne doit presque rien au hasard. Je suis en train de lire un bon roman de Stephen King, Revival, où il est entre autres question du fanatisme religieux dans la société américaine. L’obscurantisme, le charlatanisme évangélique m’ont toujours paru une obsession de King et ce dès Carrie, avec le personnage effrayant de la mère. Sur le même thème, je signalerai un excellent roman de Philip K. Dick, Les voix de l’asphalte. Frédéric Perrot – Mars 2019. 

mercredi 6 mars 2019

Sommeil paisible (une encre d'Eric Doussin)

Eric Doussin


       
          «… les hommes dorment :
certains ont le sommeil paisible, d’autres les traits tendus
comme s’ils pratiquaient un entraînement pénible pour
l’éternité.
Quoique leur sommeil soit profond, ils n’osent rien lâcher.
Et reposent comme des barrières baissées quand passe
le mystère. »

Tomas Tranströmer, 
Œuvres complètes, « Nocturne »           

vendredi 1 mars 2019

Hello darkness my old friend (Tindersticks, The Hungry Saw)

La rancune (avec un dessin de Jimmy Poussière)



        Je te passe ma rancune. C’est comme au jeu du loup, tu es touché ; et c’est toi dès lors l’animal blessé, bilieux. Je te passe ma rancune ; et porté par de tout nouveaux sentiments – fiel, aigreur, amertume –, tu maudis le jour et l’homme amoureux, agacé tu soupires au spectacle du monde, et tu tournes en dérision son apparente diversité. Ces premiers forfaits te comblent d’aise et t’emportent ; et tu commences à rêver de crimes et d’accidents, tu te mets à mépriser la femme en gésine et, pour elle et son enfant, tu mûris en esprit des chutes mortelles dans des escaliers tortueux. Ces visions t’affolent et tu te surprends à méditer de plus vastes attentats contre la vie…
Mais n’aie pas peur de toi-même, ce n’est rien, je t’ai passé ma rancune ; et, c’est comme au jeu du loup, tu peux la passer à ton tour…

        


Le texte appartient au recueil autoédité Les heures captives (décembre 2012). Frédéric Perrot