Eric Doussin |
« L’idée la
plus naturelle à l’homme, celle qui lui vient naïvement, comme du fond de sa
nature, est l’idée de son innocence. » (Albert Camus, La chute)
Sur une plage
oublieuse, l’enseveli vivant proteste encore, non pour la forme, mais d’une
voix claire, pour évoquer homme jusqu’au bout, son innocence… Il y a dû y avoir
une erreur ; car ce n’est pas par jeu qu’il est enterré ainsi, il n’a pas
été la victime amusée et consentante d’une bande d’enfants, il n’y a jamais eu d’enfants
ici, ni de châteaux fragiles assiégés par les vagues, la plage est déserte et
il est enterré réellement : sa tête seule dépasse du sable blanc qui tout
autour de lui semble s’étendre à perte de vue.
Sur son visage
qu’il aimerait tendre obstinément vers le ciel et la nuit vers les étoiles, il
sent le vent venu du large, ses violentes rafales, qui le harcèlent et le
soumettent. Le sable en tourbillonnant lui meurtrit les yeux et la rumeur des
vagues qui s’abattent sur le rivage, le chant infini et monotone de la mer, ne
le consolent pas de devenir lentement aveugle… Quand le vent tombe, il crie ou
pleure mais en ce désert nul ne l’entend, homme jusqu’au bout, protester de son
innocence.
Le texte a été écrit en août 2014. Frédéric Perrot
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire