lundi 20 janvier 2020

Le rêve de l'ivrogne (avec une encre d'Eric Doussin)

Eric Doussin


                                   L’envie est une bouteille vide
Qu’il faut remplir d’eau glacée 
Dominique A
           

Le lieu de son errance
Est une ville immense
Comme il n’en existe pas
À l’architecture délirante
Où les rues pavées et élégantes
Sont montantes et descendantes

Font des coudes vertigineux
À croire qu’elles sont vivantes
Les pavés des écailles
Et qu’il marche sur le corps
D’un animal monstrueux
Qui s’agite dans son sommeil

Tout est changeant et imprévisible

C’est la nuit et de beaux ciels
Comme empruntés à des peintures
Mais ce qui frappe
C’est la hauteur des murs
L’aspect colossal et écrasant
Du moindre des bâtiments

Tout ceci n’a rien d’humain

Pour la note absurde
S’y promènent des touristes
Aux visages inquiets
Qui parlent et ne cessent de parler
Tant les impressionne le silence solennel
Qui règne en ces lieux

Lui il est perdu
Ne sait que faire de lui-même
Ni où aller

Car seule la trame du rêve
Est aussi claire que mesquine
Quelque part mais où
Des amis l’attendent
Et il cherche désespérément
Une bouteille à acheter 
Dans ce grand espace vide
Où il n’y a ni commerces
Ni commerçants 


Le poème appartient au recueil Les fontaines jaillissantes (janvier 2020). Frédéric Perrot.

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