mardi 28 août 2018

John Fante



          « Alors c’est arrivé. Une nuit que la pluie tambourinait sur le toit indigné de la cuisine, un grand esprit s’est glissé à jamais dans ma vie. Je tenais son livre entre mes mains tremblantes tandis qu’il me parlait de l’homme et du monde, d’amour et de sagesse, de souffrance et de culpabilité, et j’ai compris que je ne serais plus jamais le même. Il s’appelait Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski. Personne n’en savait autant que lui sur les pères et les fils, les frères et les sœurs, les prêtres et les fripons, la culpabilité et l’innocence. Dostoïevski m’a changé. L’Idiot, les Possédés, les Frères Karamazov, le Joueur. Il m’a bouleversé de fond en comble. J’ai découvert que je pouvais respirer, voir des horizons invisibles. La haine que j’éprouvais pour mon père a fondu. Je me suis mis à l’aimer, cette pauvre épave livrée à ses obsessions et à la souffrance.» (John Fante, Les compagnons de la grappe, traduction Brice Matthieussent)


          18 janvier – Je l’ignorais, mais Bukowski a œuvré à la redécouverte des livres de John Fante, dont il admirait en particulier Demande à la poussière. Lors de l’une de leurs rencontres, Fante, qui était devenu aveugle et souffrait de son diabète, a eu cette phrase : « La pire chose qui puisse arriver aux gens, c’est l’amertume. Ils deviennent tous si amers.» (Howard Sounes, Charles Bukowski Une vie de fou)

    Bukowski sur sa découverte de Demande à la poussière dans une bibliothèque : « Un jour j’ai sorti un livre, je l’ai ouvert et c’était ça. Je restai planté un moment, lisant et comme un homme qui a trouvé de l’or à la décharge publique.». J’aime beaucoup cette comparaison ! « J’ai posé le livre sur la table, les phrases filaient facilement à travers les pages comme un courant. Chaque ligne avait sa propre énergie et était suivie d’une semblable et la vraie substance de chaque ligne donnait sa forme à la page… ». « Voilà enfin un homme qui n’avait pas peur de l’émotion. L’humour et la douleur mélangés avec une superbe simplicité. Le début du livre était un gigantesque miracle pour moi. J’avais une carte de la Bibliothèque. Je sortis le livre et l’emportai dans ma chambre. Je me couchai sur mon lit et le lus. Et je compris bien avant de le terminer qu’il y avait là un homme qui avait changé l’écriture.». Et : « Le livre était Ask the Dust et l’auteur, John Fante. Il allait toute ma vie m’influencer dans mon travail.»


Notes de mon Journal (janvier 2017)

J’ai relu à Hambourg pour la quatrième ou cinquième fois Mon chien Stupide, le livre le plus drôle (et le plus émouvant) que je connaisse et lu Rêves de Bunker Hill.  

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