vendredi 4 novembre 2022

The future de Leonard Cohen a trente ans...


 

                               Ring the bells that still can ring

Forget your perfect offering

There is a crack, a crack in everything

That’s how the light gets in

 

 

Que dire d’un album que l’on a connu, acheté, écouté à sa sortie et que l’on écoute régulièrement depuis tant d’années ? Un esprit mélancolique dirait que finalement trente ans peuvent passer comme un rêve, ou que le seul privilège de la vieillesse est de pouvoir considérer de longues périodes…

Mais la sagesse que l’on prête à l’âge, non merci en tout cas !

Que dire ?  Dès l’entame, Leonard Cohen annonce la mauvaise nouvelle. Le mur de Berlin s’est écroulé depuis trois ans à peine, certains esprits ridiculement optimistes proclament « la fin de l’Histoire » et la félicité pour tous dans un marché mondial synonyme de bien-être, dès lors que l’épouvantail soviétique est tombé en morceaux. Nous sommes bien avant le 11 septembre 2001 et les guerres et les vagues d’attentats qui ont suivi. Leonard Cohen fait alors figure de rabat-joie et d’oiseau de mauvais augure: il a « vu l’avenir, c’est le meurtre », ou ça craint, ça ne donne pas envie, dans une traduction moins dramatique suggérée par l’auteur lui-même avec son habituelle nonchalance…

L’album The future est sans doute le plus politique de Cohen (The future, Democracy), mais on n’y trouvera aucun programme, aucune promesse fallacieuse : bien au contraire ! L’album présente également deux de ses plus profondes méditations : Waiting for the miracle et Anthem, une prière pour temps de désastre…

L’album par ailleurs est un peu bancal, sans réelle unité, avec ses deux reprises (Be for real, l’incroyable Always), qui nous rappellent que Cohen, quand il ne joue pas au prophète désabusé sur des airs de danse, est non moins un chanteur de charme, dont le but en prenant le micro est de se retrouver dans un lit avec votre femme ou l’une de ses choristes ! Les arrangements et les sonorités électroniques ne sont pas toujours du plus bel effet, Democracy, qui s’est révélée bien meilleure en concert au festival de jazz de Nice (2007)… Cohen n’oublie pas sa légendaire ironie, à la limite du cynisme, le temps de ce qui semble une fête juive bien arrosée, où rien ne se passe réellement (Closing Time).

Les textes de l’album, amples, riches, profonds, sont proprement extraordinaires et ont été aussi importants pour moi que certaines chansons de Jacques Brel, dans mon appréhension de la poésie, je veux dire…   

Que dire encore ? Rien. Mieux vaut écouter !

 

                                                                              Frédéric Perrot

 

 

 Pour écouter Closing Time : https://beldemai.blogspot.com/2019/11/the-place-is-dead-as-heaven-on-saturday.html

 

 Pour écouter The future : https://youtu.be/AKwr3DDvFpw

 

 Pour écouter Anthem : https://youtu.be/mDTph7mer3I

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