Ring the bells
that still can ring
Forget
your perfect offering
There
is a crack, a crack in everything
That’s
how the light gets in
Que
dire d’un album que l’on a connu, acheté, écouté à sa sortie et que l’on écoute
régulièrement depuis tant d’années ? Un esprit mélancolique dirait
que finalement trente ans peuvent passer comme un rêve, ou que le seul
privilège de la vieillesse est de pouvoir considérer de longues périodes…
Mais
la sagesse que l’on prête à l’âge, non merci en tout cas !
Que
dire ? Dès l’entame, Leonard Cohen
annonce la mauvaise nouvelle. Le mur de Berlin s’est écroulé depuis trois ans à
peine, certains esprits ridiculement optimistes proclament « la fin de
l’Histoire » et la félicité pour tous dans un marché mondial synonyme de
bien-être, dès lors que l’épouvantail soviétique est tombé en morceaux. Nous
sommes bien avant le 11 septembre 2001 et les guerres et les vagues d’attentats
qui ont suivi. Leonard Cohen fait alors figure de rabat-joie et d’oiseau
de mauvais augure: il a « vu l’avenir, c’est le meurtre », ou ça
craint, ça ne donne pas envie, dans une traduction moins dramatique
suggérée par l’auteur lui-même avec son habituelle nonchalance…
L’album
The future est sans doute le plus politique de Cohen (The
future, Democracy), mais on n’y trouvera aucun programme, aucune
promesse fallacieuse : bien au contraire ! L’album présente également
deux de ses plus profondes méditations : Waiting for the miracle et
Anthem, une prière pour temps de désastre…
L’album
par ailleurs est un peu bancal, sans réelle unité, avec ses deux reprises (Be
for real, l’incroyable Always), qui nous rappellent que Cohen, quand
il ne joue pas au prophète désabusé sur des airs de danse, est non moins un chanteur
de charme, dont le but en prenant le micro est de se retrouver dans un lit
avec votre femme ou l’une de ses choristes ! Les arrangements et les sonorités
électroniques ne sont pas toujours du plus bel effet, Democracy, qui
s’est révélée bien meilleure en concert au festival de jazz de Nice (2007)…
Cohen n’oublie pas sa légendaire ironie, à la limite du cynisme, le
temps de ce qui semble une fête juive bien arrosée, où rien ne se passe
réellement (Closing Time).
Les
textes de l’album, amples, riches, profonds, sont proprement extraordinaires et
ont été aussi importants pour moi que certaines chansons de Jacques Brel, dans
mon appréhension de la poésie, je veux dire…
Que
dire encore ? Rien. Mieux vaut écouter !
Frédéric
Perrot
Pour écouter Closing Time :
Pour écouter The future :
Pour écouter Anthem :
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