« Je
présume qu’il est arrivé à la plupart d’entre vous de se trouver saisi au revers de la
veste par un de ces bavards qui, avides de faire entendre le son de leur voix,
recherchent un compagnon dont la seule fonction consistera à prêter l’oreille
sans être pourtant contraint d’ouvrir la bouche… »
Louis-René des Forêts, Le bavard
Quand je dis que je n’y arrive pas,
ce me semble clair :
je n’y arrive pas tout bonnement,
je ne parviens pas à éprouver les
sentiments
que l’on pourrait attendre de moi
en certaines circonstances
et dont on dit pourtant qu’ils sont
naturels et spontanés…
Eh bien, suis-je hors de la nature
si je ne les éprouve pas,
cela fait-il de moi un monstre
si je ne les trouve nulle part en
moi,
et si la conscience que j’en ai
ne change rien à l’affaire ?
Quand je dis que je n’y arrive pas
ce me semble clair…
Pardonnez-moi, je m’emporte
et je vous postillonne au visage :
prenez donc ce mouchoir, il est propre.
Je ne voulais pas vous importuner…
Sachez que je ne compte pas monologuer
ni m’étendre sur quelque chose
qui ne fait en aucun cas de moi
un être bizarre ou singulier…
Je conçois même le contraire :
mon absence d’empathie est des plus
banales,
et chaque jour je puis constater
plus de comportements vils
que de comportements nobles…
Nous avons sans cesse en bouche
les mots générosité tolérance respect,
nous aimons à penser
que nous sommes animés
par le souci de l’autre,
mais concrètement
cela se traduit-il dans nos actes ?
Qui ne se détourne pas
quand il voit un malheureux
approcher ?
Qui supporte avec patience
les plaintes d’un ami ?
Non, non, ne partez pas encore :
mon verre est vide et j’ai presque fini…
Comprenez-moi bien, je ne mets pas
tout le monde dans le même sac,
il y a toujours des exceptions,
des personnes qui agissent
avec ce souci dont je parlais
juste avant, et j’ajouterai même
que sans ces exceptions,
sans ces exceptions…
Excusez-moi, j’ai perdu le fil :
je ne sais plus où je voulais en venir,
et je vois bien que mon bavardage vous
ennuie…
Sachez alors, un mot seulement,
que moi je ne suis pas une exception…
Je ne suis au fond ni meilleur ni pire,
et quand je dis que je n’y arrive pas,
ce me semble clair…
Frédéric Perrot
Pas mal ce texte...
RépondreSupprimerMerci Alain. Super ta photo sur Insta, tu as le sourire !
SupprimerMerci! Il faut en profiter quand on l'a oui, car ça peut repartir très vite malheureusement.
SupprimerÇa sent le vécu ;-)
RépondreSupprimerBien vu en tout cas.
Nous sommes tous gris plus ou moins foncés. On a des modèles de sainteté mais ils sont inaccessibles toutefois parfois j y pense quand je me laisse aller à l indifférence au mépris ou à la haine.
Psychologiquement un authentique salopard ne peut pas avoir de l estimé pour lui c est pas confortable comme attitude.
Merci pour ton commentaire Gilles ! Bon, comme je ne suis qu'un mécréant, je n'ai pas vraiment de modèles de sainteté ! Mais en effet l'indifférence, le mépris ou la haine sont ce dont on doit se garder à tout prix... A bientôt !
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