Aux
échecs, il y a ce coup que l’on nomme le roque ; petit ou grand…
Avec une belle aisance, le Roi et la Tour concernée selon qu’il s’agit du petit
ou du grand roque, se passent l’un au-dessus de l’autre en s’adressant des
politesses. Le but est pour le Roi de quitter sa position centrale et de se
cacher peureusement dans un coin de l’échiquier. Le Roi en effet, s’il est
comme son titre l’indique la pièce maîtresse de chaque joueur, est aussi un
parfait impuissant livré à tous les assauts d’un univers essentiellement
hostile… Ce que raconte chaque partie d’échecs, c’est une tentative de régicide
et l’on comprend que cela déplaise aux deux principaux intéressés. Le Roi n’a
d’autre part, le poids de sa couronne sans doute, qu’une capacité de mouvement
fort réduite. Comme le Roi a l’air pataud si on le compare par exemple à ses
virevoltants Cavaliers ! Sa vulnérabilité, son rythme de limaçon,
expliquent donc sa couardise et ce repli stratégique à l’ombre d’une
Tour que l’on nomme le roque ; petit ou grand… Ce coup présente un autre
intérêt, non moins négligeable : la Tour concernée se trouve ainsi libérée
du coin où elle boudait depuis le début avec obstination et sommée de
participer à l’effort collectif dans la mesure de ses moyens. Le roque accompli,
il n’est plus l’heure pour elle de faire sa mauvaise tête et de se la couler
douce : à l’attaque, belle et forte Tour, même si tu dois succomber !
Sers fidèlement ton Roi et sans traîner des pieds s’il te plaît ! On l’aura
compris, s’il peut parfois être un geste inspiré au Roi par la nullité de ses
troupes déjà décimées, un ultime mouvement de désespoir, une fuite à Varennes si
l’on veut, le roque pourra en d’autres circonstances moins fâcheuses constituer
le signe avant-coureur d’un assaut dévastateur et victorieux ! Puisse donc
chaque joueur s’en servir avec brio et intelligence !...
Mais
la vie ne se résumant pas aux soixante-quatre cases d’un échiquier, il est
temps d’en finir avec ces aimables futilités pour, revenus au monde, retrouver
notre constant souci, nos lourdes préoccupations, notre terrible sérieux…
(5
janvier 2008)
Frédéric Perrot
En effet, le roque qu'on a pratiqué tous ces vendredis à l'époque, en écoutant... de la pop...
RépondreSupprimerD'ailleurs c'est toi qui m'avais appris comment jouer aux échecs...C'était un peu avant que je ne t'apprennes comment gagner aux échecs :)
Cette insolence sera sévèrement punie, la prochaine fois que l'on jouera ! Peut-être bientôt. Je vais sans doute passer à Metz avant Noël. On se tient au courant.
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