dimanche 4 novembre 2018

le manque d'attention (publié dans le numéro 31 de la revue Lichen, novembre 2018)


Nous manquons d’attention, pour ce qui n’est pas l’homme. Promiscuité oblige, nous accordons, au détriment du reste, trop d’importance à ce bipède funeste… Et ainsi naissent nombre de nos tourments.

Ou : « Par je ne sais quel travers psychologique, nous préférons le bavardage d’un imbécile au silence d’un arbre… Pourtant le bavard ne se soucie pas plus de nous que le conifère. »

Lhomme occupe trop de place, l’homme occupe toute la place : comme un vain limaçon, laisse partout sa trace… « Et si tu te plais à rêver à un paysage sans l’homme, autant t’embarquer tout de suite pour une autre planète ! »

« Any where out of the world » – Loin des mers polluées, des continents de déchets, des cimes défigurées… Qui pourrait regretter une planète-dépotoir ?

L’autre de l’homme – « À mon grand regret, je n’aime pas particulièrement les animaux… Mais parmi tout ce qui me fait désespérer de la bêtise de l’homme, il y a la corrida, l’élevage en batterie, les abattoirs… Une promenade au zoo peut également être une leçon de philosophie. Comment oublier cet ours polaire et l’insondable tristesse que trahissait le moindre de ses mouvements ? On eût dit un quelconque dépressif… »

« Maître et possesseur de la nature » – L’absurde rêve de Descartes pleinement réalisé, l’autre de l’homme se réduit comme peau de chagrin… Pendant des années, tu pouvais te rassurer en te disant : « Tant qu´il y a encore les oiseaux… » Mais eux-mêmes disparaissent et le « ciel vide » des philosophes et des poètes prend un sens plus concret.

Le manque d’attention – « Pourquoi tes yeux ne se posent-ils plus sur moi ? Pourquoi es-tu si distant ? » « Quelle tristesse… Comment pourrais-je me soucier du monde ? Je manque d’attention, même pour ceux qui s’efforcent de m’aimer… »

 
Jimmy Poussière



pour aller voir la revue d'Elisée Bec 
 https://lichen-poesie.blogspot.com

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