jeudi 23 octobre 2025

Georg Christoph Lichtenberg, Le miroir de l'âme (extraits)


 

« Vivre sans le vouloir est chose épouvantable, mais ce serait bien pis encore d’être éternel sans l’avoir demandé. » (B,338)

 

« Cela est aussi naturel à l’homme que la pensée ou que lancer des boules de neige. » (C,157)

 

« Ce n’est pas la force de son esprit mais celle du vent qui a élevé cet homme. » (C,358)

 

« Une tombe est toujours la plus sûre forteresse contre les assauts du destin. » (D,143)

 

« Il a écrit huit livres. Il eût certainement mieux fait de planter huit arbres ou bien d’élever huit enfants. » (D,175)

 

« Si un livre et une tête se heurtent et que cela sonne creux, le son provient-il toujours du livre ? » (D,399)

 

« Je crois qu’il ne sera jamais possible de démontrer que nous sommes l’œuvre d’un Être Supérieur, plutôt que celle d’un être fort imparfait qui nous créa comme passe-temps. » (D,412)

 

« C’est ainsi que se moquent de nous nos cousins l’ange et le singe. » (D,436)

 

« L’automne raconte à la terre les feuilles qu’elle a prêtées à l’été. » (D,559)

 

« Notre vie est comme une journée d’hiver ; nous naissons entre minuit et une heure du matin ; le jour ne point pas avant huit heures, et il n’est pas encore quatre heures de l’après-midi qu’il fait nuit à nouveau ; à minuit vient la mort. » (E,212)

 

« Un livre est comme un miroir ; si un singe s’y mire, d’évidence il n’y verra point un apôtre. Nous n’avons nulle parole pour parler de sagesse à l’abruti. Il est déjà sage celui qui comprend le sage. » (E, 215)

 

« Dans une maison de fous, il doit y en avoir un qui parle le shakespearien. » (E,325)

 

« Nous avons érigé toutes nos meilleures idées sur une sorte de fièvre issue du tabac et du café. » (E,438)

 

« Il se coupait lui-même la parole. » (E,519)

 

« Lire, c’est emprunter ; en tirer profit, c’est rembourser sa dette. » (F,7)

 

« Je suis convaincu que l’on ne fait pas uniquement que s’aimer à travers autrui, mais que l’on se hait aussi à travers eux. » (F, 450)

 

« L’inventeur des thèses et dont le nom est oublié du genre humain. » (F,1007)

 

« Là où la modération est une erreur, l’indifférence est un crime. » (G,62)

 

« L’Américain qui découvrit le premier Christophe Colomb fit une méchante découverte. » (G,183)

 

« Il voulait se noyer ; seulement son chien, qui courait derrière lui, le rapportait toujours. » (H,106)

 

« L’âne me semble un cheval traduit en hollandais. » (H,166)

 

« Comment donc les hommes sont-ils parvenus au concept de liberté ? Ce fut une grande idée. » (J,276)

 

« La mort d’un homme de talent m’attriste toujours, puisque le monde en a plus besoin que le ciel. » (J,539)

 

« En ce monde, on vit mieux en disant la bonne aventure qu’en disant la vérité. » (J,787)

 

« C’est dans la capacité de tirer profit des avatars de l’existence, et de ses leçons, que réside une grande part du génie. » (K,120)

 

 

Georg Christoph Lichtenberg

Le miroir de l’âme

Traduit de l’allemand et préfacé par Charles Le Blanc

 

 

Sur Georg Christoph Lichtenberg


Né en 1742, Georg Christoph Lichtenberg passa, à partir de l’âge de 21 ans, toute sa vie à l’université de Göttingen, d’abord comme étudiant puis comme professeur de sciences mathématiques et physiques, chargé plus spécialement de la physique expérimentale. Il fit deux voyages en Angleterre qui l’influencèrent durablement et mourut en 1799.  

Esprit éclairé, novateur dans le domaine de l’électricité, Lichtenberg ne doit pas sa renommée posthume aux « figures » qui, en physique, portent son nom, mais à ses carnets intimes, ses cahiers numérotés (A, B, C..) dans lesquels il jetait, pêle-mêle, ses idées et ses observations sans intention de les publier jamais : « Éveiller la méfiance envers les oracles : tel est mon but ».

 

Lichtenberg, admiré de Goethe, de Kant, de Kierkegaard, de Nietzsche, de Tolstoï, d’André Breton, est un philosophe et un écrivain, toujours à découvrir.



Lichtenberg



Source image : Wikipédia

 

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