Pour écouter Le Labyrinthe :
dimanche 14 septembre 2025
vendredi 12 septembre 2025
lundi 8 septembre 2025
De simples exécutants
« Nous n’avons pas eu d’autre choix que d’exterminer les êtres de ce monde. Nous avons pour la plupart d’entre nous accompli notre devoir sans haine, ni animosité particulière, en vrais professionnels. Tel était le sens implicite de notre mission : faire place nette, afin de pouvoir installer nos instruments de forage qui, depuis lors, fonctionnent à plein régime, extrayant des quantités prodigieuses de minerais rares qui feraient notre fortune, si nous n’étions pas que de simples exécutants. Il y avait même une note confidentielle à l’intention de mon second et moi, qui pour le coup, était fort explicite : Pas de prisonniers. Peut-être ces êtres étaient-ils si rudimentaires qu’ils n’intéressaient même pas nos savants qui d’habitude exigent toujours que soient capturés et ramenés des mondes colonisés quelques milliers de spécimens vivants, afin de pouvoir conduire leurs expériences, leurs terribles expériences que même nous, des mercenaires, ne pouvons imaginer sans frémir. Mon second, qui a des accès de sensiblerie qui m’agacent et m’inquiètent, a eu un mot à ce sujet : Nous les avons tous tués, même les petits, c’est atroce, mais cela vaut mieux que ce que d’autres auraient pu leur faire subir. Il me regardait sans réellement me voir et n’a rien dit d’autre, ne voulant pas se compromettre et prononcer quelque parole séditieuse, qui aurait pu être enregistrée et versée à son dossier : il se méfie de moi, comme je me méfie de lui, avec ses problèmes de conscience… S’il s’imagine en avoir une, c’est ridicule, et s’il recommence à faire des histoires sur la prochaine lune, la prochaine planète, je lui règlerai son compte sans hésiter, sous les yeux des autres, pour l’exemple.»
Frédéric
Perrot
dimanche 7 septembre 2025
Laura Vazquez, Les Forces (pour Michel)
Quatrième de couverture
C’est l’histoire d’une
fille qui n’est pas d’accord avec l’ordre social.
Nos visages sont-ils des
images, des devantures ?
Notre attention est-elle
devenue une propriété, comme les terrains ?
Est-ce que quelque chose
s’est cassé en nous ?
De l’enfance à
l’écriture, en passant par un bar mystérieux, une maison abandonnée, un
immeuble rempli de sectes, ou le sommet d’une montagne, la narratrice nous
entraîne dans une odyssée parsemée de miroirs homériques, de chants d’aèdes qui
nous montrent le livre en train de se faire.
Les Forces reprend
et détourne les motifs du roman d’apprentissage.
Alternant le prosaïque et
le théorique en un éclair, le livre se déploie dans une narration allant du
tragique au comique. Nous vivons le parcours initiatique et politique de la
narratrice. L’ensemble est porté par une nature perçue comme un flux incessant,
une énergie vitale, dont chaque élément peut contenir la totalité. On pense à
Fiodor Dostoïevski, à Samuel Beckett, à Simone Weil également dans son approche
de la force.
Un roman cardinal dans
l’œuvre de Laura Vazquez.
Laura Vazquez, Les Forces
Editions du sous-sol
jeudi 4 septembre 2025
Lectures de rentrée
Pierre Tevanian, Soyons woke
Laure Murat, Toutes les
époques sont dégueulasses
Jérôme Leroy, La petite
fasciste
Emmanuel Carrère,
Kolkhoze