« Vivre
sans le vouloir est chose épouvantable, mais ce serait bien pis encore d’être
éternel sans l’avoir demandé. » (B,338)
« Cela
est aussi naturel à l’homme que la pensée ou que lancer des boules de
neige. » (C,157)
« Ce
n’est pas la force de son esprit mais celle du vent qui a élevé cet
homme. » (C,358)
« Une
tombe est toujours la plus sûre forteresse contre les assauts du destin. »
(D,143)
« Il
a écrit huit livres. Il eût certainement mieux fait de planter huit arbres ou bien d’élever huit enfants. » (D,175)
« Si
un livre et une tête se heurtent et que cela sonne creux, le son provient-il
toujours du livre ? » (D,399)
« Je
crois qu’il ne sera jamais possible de démontrer que nous sommes l’œuvre d’un
Être Supérieur, plutôt que celle d’un être fort imparfait qui nous créa comme
passe-temps. » (D,412)
« C’est
ainsi que se moquent de nous nos cousins l’ange et le singe. » (D,436)
« L’automne
raconte à la terre les feuilles qu’elle a prêtées à l’été. » (D,559)
« Notre
vie est comme une journée d’hiver ; nous naissons entre minuit et une
heure du matin ; le jour ne point pas avant huit heures, et il n’est pas
encore quatre heures de l’après-midi qu’il fait nuit à nouveau ; à minuit
vient la mort. » (E,212)
« Un
livre est comme un miroir ; si un singe s’y mire, d’évidence il n’y verra
point un apôtre. Nous n’avons nulle parole pour parler de sagesse à
l’abruti. Il est déjà sage celui qui comprend le sage. » (E, 215)
« Dans
une maison de fous, il doit y en avoir un qui parle le shakespearien. »
(E,325)
« Nous
avons érigé toutes nos meilleures idées sur une sorte de fièvre issue du tabac
et du café. » (E,438)
« Il
se coupait lui-même la parole. » (E,519)
« Lire,
c’est emprunter ; en tirer profit, c’est rembourser sa dette. » (F,7)
« Je
suis convaincu que l’on ne fait pas uniquement que s’aimer à travers autrui,
mais que l’on se hait aussi à travers eux. » (F, 450)
« L’inventeur
des thèses et dont le nom est oublié du genre humain. » (F,1007)
« Là
où la modération est une erreur, l’indifférence est un crime. » (G,62)
« L’Américain
qui découvrit le premier Christophe Colomb fit une méchante découverte. »
(G,183)
« Il
voulait se noyer ; seulement son chien, qui courait derrière lui, le
rapportait toujours. » (H,106)
« L’âne
me semble un cheval traduit en hollandais. » (H,166)
« Comment
donc les hommes sont-ils parvenus au concept de liberté ? Ce fut
une grande idée. » (J,276)
« La
mort d’un homme de talent m’attriste toujours, puisque le monde en a plus
besoin que le ciel. » (J,539)
« En
ce monde, on vit mieux en disant la bonne aventure qu’en disant la
vérité. » (J,787)
« C’est
dans la capacité de tirer profit des avatars de l’existence, et de ses leçons,
que réside une grande part du génie. » (K,120)
Georg
Christoph Lichtenberg
Le
miroir de l’âme
Traduit
de l’allemand et préfacé par Charles Le Blanc
Sur
Georg Christoph Lichtenberg
Né
en 1742, Georg Christoph Lichtenberg passa, à partir de l’âge de 21 ans, toute
sa vie à l’université de Göttingen, d’abord comme étudiant puis comme
professeur de sciences mathématiques et physiques, chargé plus spécialement de
la physique expérimentale. Il fit deux voyages en Angleterre qui
l’influencèrent durablement et mourut en 1799.
Esprit
éclairé, novateur dans le domaine de l’électricité, Lichtenberg ne doit pas sa
renommée posthume aux « figures » qui, en physique, portent son nom,
mais à ses carnets intimes, ses cahiers numérotés (A, B, C..) dans lesquels il
jetait, pêle-mêle, ses idées et ses observations sans intention de les publier
jamais : « Éveiller la méfiance envers les oracles : tel est mon
but ».
Lichtenberg,
admiré de Goethe, de Kant, de Kierkegaard, de Nietzsche, de Tolstoï, d’André
Breton, est un philosophe et un écrivain, toujours à découvrir.
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| Lichtenberg |
Source
image : Wikipédia








