samedi 31 mai 2025

Clint Eastwood a 95 ans, Gorillaz, etc.

Clint Eastwood (portrait par Eric Doussin)

 

            Pour écouter Clint Eastwood par Gorillaz :

            https://youtu.be/I7yqFVEvdY0?si=RQ8c0BC85WIG74hh 


vendredi 23 mai 2025

Pulp, Spike Island, More

Jarvis Cocker, portrait par Anthoni

 

        Ce sera une brève ! Vingt-quatre ans après We love life, Jarvis Cocker et Pulp, sont de retour, avec un nouvel album, More, annoncé pour le 6 juin. Spike Island est un excellent single. Cerise sur le gâteau : l’album est produit par le très couru James Ford, Gorillaz, Fontaines D.C., Depeche Mode.

            

            Pour écouter Spike Island :

            https://youtu.be/XvTY53ZIqxw?si=xtQ6a0COb7VNywEI

mardi 20 mai 2025

Séverine Chevalier, Théorie de la disparition (un extrait, pour Michel)


 

Je vois votre dos courbé, et il m’émeut, votre dos, il m’émeut au point d’avoir envie de pleurer, moi qui n’ai ni pleuré de rire ni pleuré de tristesse ou de joie ou d’affection ou de rien depuis bien longtemps, je crois. Votre dos, je ne peux cesser d’écrire ce mot, est-ce la sensation de mouillé, est-ce sa courbure, son épaisseur si concrète, me rappelle l’ours de la fosse du Jardin des plantes, pendant les inondations de Paris et de sa banlieue, en 1910. De tout le lot de photographies que j’ai trouvé aux puces, avant mon mariage avec Mallaury, je n’ai conservé que celle-ci. On le voit à moitié dans l’eau, la tête penchée. Au-dessus, on distingue une petite foule avide d’impressions fortes, pressée contre la grille, à l’observer en surplomb. C’est poignant.

Une fois, je l’ai montrée à Mallaury. Il connaissait l’histoire de cette crue, qu’il m’a racontée. Il a aussi dit : si seulement les entrepôts pouvaient être submergés aujourd’hui comme les stocks des éditeurs et libraires de l’époque, ça écrémerait salutairement la production actuelle. Nous n’avons pas parlé de l’émotion qui m’a saisie, qui me bouleverse encore, quand je la regarde.

Je vois votre dos, et je pense à celui de l’ours. Vous n’êtes pas un bel animal pris par les eaux, vous n’avez pas peur du danger, vous travaillez dans ce restaurant où nous mangeons et buvons et où après un gage d’adolescent à peine pubère des autrices s’embrassent, vous lavez le sol des toilettes, et je vous regarde le laver, je suis restée debout près de la porte, je distingue maintenant un petit chemin non nettoyé qui pourrait mener jusqu’à une des toilettes, toutes sont ouvertes, il n’y a personne d’autre que nous, vous qui lavez, moi qui vous regarde, je ne sais plus bien pourquoi je suis entrée ici, je reste, c’est tout, à vous regarder alors que vous ne me voyez pas, pas encore, non, on ne se voit pas, on ne se voit pas encore.

Je vous regarde laver le sol, et voici ce qu’il me semble : vous n’agissez pas parce que le protocole indique son exécution comme ci ou comme ça, pour vous conformer, affecter d’avoir une occupation, répondre aux ordres du chef, pour un bonus sur votre salaire ou montrer du zèle au risque de déplaire aux collègues, car normalement votre emploi se résume strictement à celui, selon la fiche de poste, de serveur, vous vous comportez ainsi parce que vous voulez prendre soin.

Vous voulez, aimer.    

 

 

Séverine Chevalier, Théorie de la disparition

La Manufacture de livres, janvier 2025

jeudi 15 mai 2025

Arthur Rimbaud, Vagabonds

 

Pitoyable frère ! Que d’atroces veillées je lui dus ! « Je ne me saisissais pas fervemment de cette entreprise. Je m’étais joué de son infirmité. Par ma faute nous retournerions en exil, en esclavage. » Il me supposait un guignon et une innocence très bizarres, et il ajoutait des raisons inquiétantes.

Je répondais en ricanant à ce satanique docteur, et finissais par gagner la fenêtre. Je créais, par-delà la campagne traversée par des bandes de musique rare, les fantômes du futur luxe nocturne.

Après cette distraction vaguement hygiénique je m’étendais sur une paillasse. Et, presque chaque nuit, aussitôt endormi, le pauvre frère se levait, la bouche pourrie, les yeux arrachés, – tel qu’il se rêvait ! – et me tirait dans la salle en hurlant son songe de chagrin idiot.

J’avais en effet, en toute sincérité d’esprit, pris l’engagement de le rendre à son état primitif de fils du Soleil, – et nous errions, nourris du vin des cavernes et du biscuit de la route, moi pressé de trouver le lieu et la formule.

 

vendredi 2 mai 2025

Albert Cossery, Mendiants et orgueilleux (un article de Marie-Anne Bruch)

 


    Pour lire le très bon article de Marie-Anne Bruch sur le roman d’Albert Cossery, Mendiants et orgueilleux, que l’on peut légitimement tenir pour un chef-d’œuvre méconnu :

https://laboucheaoreilles.wordpress.com/2025/03/21/mendiants-et-orgueilleux-dalbert-cossery/

Éros et Thanatos sont dans un bateau (un documentaire de Michel Meyer, le 8 mai, au Divanoo)

 

Michel Meyer, Good Night, 2022


Éros et Thanatos sont dans un bateau

un documentaire de Michel Meyer

 

le jeudi 8 mai, à 20h, au DIVANOO, à Bischheim

- une exploration du continent dépressif -

 

La dépression est un mot valise, comme tous les mots, et évoque un phénomène très répandu, en France comme ailleurs, qui explique sans doute le succès d’un Houellebecq, l’écrivain dépressif de la dépression pour déprimé.e.s.

 

Le film ne parle pas de la pathologie lourde, mais de celles issues des revers de la vie, qui sont, avec un peu de distance, réellement passionnantes, à vivre comme des moments de gestation profonde.

 

Il est également question de dépression sociétale, plus perverse, induite par des événements comme l’érosion des régimes démocratiques, ou le conflit israélo-palestinien, la COVID, ou encore simplement les réseaux sociaux, tout ce qui clive ou divise le corps social, et interroge le monde contemporain. Ce sont des questions qui ne se posent pas dans ce film, qui a dix ans, et est travaillé par d'autres problématiques.

 

Le film n’est pas anxiogène, il est même souvent drôle, car l’humour a partie liée avec le malheur, comme le savent les clowns et les humoristes.

 

C’est un film de paroles et d’images, qui se passe à Strasbourg, Paris et Marseille.

 

                                                                                        Texte de Michel Meyer