lundi 29 mai 2017

l'or du temps

L’or du temps


L’or du temps – « Le temps est ton bien le plus précieux ; c’est pourtant celui que tu dépenses avec le plus de légèreté, voire de frivolité, dans de vaines occupations, une dispersion infinie… Quand tu n’es pas simplement occupé par tes chimères et la satisfaction de tes vices.»

Une pensée qui nous rebute – Nous nous figurons toujours la mort devant nous. Mais si l’on en croit Sénèque – qui se révèle difficile à suivre sur ce point, tant cette pensée nous rebute –, la mort serait « en grande partie » derrière nous ; et, tout ce que nous avons déjà  vécu – ces innombrables jours et ces longues années –, « tout l’espace franchi est à elle…».

Naissance tardive – « Je suis né si tard, que je trouve inadmissible de devoir mourir en plus…»

Foi en l’avenir – « La tombe sera le plus imprenable des abris ; nous n’aurons plus à redouter la violence et le fanatisme de nos contemporains.»

Ou : « Il ne vivait pas dans la peur de la mort, idée trop abstraite. Il vivait dans la crainte plus précise d’être tué

            Contre le temps « biographique » – « Plus jeune, tu tenais des discours de vieillard, tu jouais au grand sage ; or plus tu prends de l’âge, et plus dans tes pensées du moins, tu rajeunis ; mais c’est peut-être seulement une illusion commune…»

Paradoxe temporel – Il n’a aucun sens historique, mais par la pensée et la rêverie, il voyage à travers les époques. Toutes lui semblent égales, car il s’y perçoit toujours dans la peau d’un esclave.

Un impatient – « Je ne suis pas seul à attendre ; d’autres attendent aussi, assis sur un banc, tandis que je fais les cent pas, excédé par le silence qui règne en ces lieux, non moins que par celui, résigné, de ceux qu’il me répugne de nommer mes semblables et qui assis sur leur banc ne daignent même pas remarquer mon agitation, perdus qu’ils sont dans le néant de leur vie intérieure. Peut-être serait-il plus juste de dire que ces quatre vieillards sont simplement exténués par l’attente… Mais je ne me soucie pas d’être juste. Je fais les cent pas et je n’en peux plus de cette attente sans objet, car si au moins je savais ce que dans ce couloir insalubre, nous attendons depuis si longtemps… »

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            Lutter contre le temps – « Nous ne sommes pas en lutte avec le temps qui passe ; l’expression même est d’un ridicule achevé… Nous nous efforçons d’habiter le temps et d’être au présent… Habiter le temps n’est encore qu’une façon de dire ; mais nous ne disposons que de ces outils imparfaits que sont les mots pour tenter de traduire notre expérience de la vie. »

           Il lui arrivait de prétendre ingénument qu’il avait passé son après-midi à « tuer le temps » –  Cela n’avait rien de glorieux ou de tragique : il voulait seulement indiquer par-là qu’il s’était occupé d’une manière ou d’une autre et qu’il s’était livré à ses broutilles habituelles, qui sont si insignifiantes, qu’elles ne portent pas à conséquence et ne font d’ailleurs de « mal à personne » !... Comme le plus souvent, il avait juste bricolé dans son coin, faute de mieux et faute de vivre son temps avec plus de profit.

            Ou : « Nous prétendons tuer le temps ; nous mettons en tous cas tout en œuvre pour ne pas y penser et ne pas en souffrir. Nous oublions simplement que ce temps est le nôtre et qu’il nous appartient de le créer… »

Modestie historique – « Nous serons nous-mêmes tenus pour des singes par nos lointains descendants… »

Paradoxe temporel – « Comme nous serions heureux, si nous possédions l’une de ces merveilleuses machines à remonter le temps des romans de science-fiction ! Comme nous pourrions alors, en revenant en arrière même de quelques années, changer les événements de notre vie, bouleverser complètement notre modeste biographie, pour lui donner un cours plus positif… Mais cela supposerait aussi que nous ayons conscience du moment où cela a commencé de mal tourner pour nous… »

Contre les prophètes – « Toutes les spéculations sur l’avenir – l’avenir de l’homme, l’avenir de sa planète, les hommes finiront-ils par périr, emportés par des guerres totales, des pandémies et des famines sans précédent, engloutis sous leurs déchets ou au gré de quelque catastrophe écologique majeure, ou encore, ce qui réglerait bien des problèmes, pulvérisés par quelque météorite venue dont on ne sait où ; enfin ce genre d’interrogations angoissées, dont se gorge notre époque –, toutes ces vaines spéculations ne nous intéressent que d’un strict point de vue intellectuel ; car comment pourrions-nous nous intéresser à un avenir où « nous ne serons pas » et que nous déplorons seulement par avance, en songeant à nos enfants… » 

Ou : « Au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans l’avenir, comme l’a écrit un jour un peu sans réfléchir un grand romancier. Trait d’ironie facile – Mais très cher maître, votre pessimisme et peut-être votre âge vous trahissent : l’avenir n’est pas un sable mouvant… »

L’or du temps – « Ne cède pas au découragement, auquel tu es si enclin : ne pense pas que ta recherche est vaine et accomplie en pure perte, efforce-toi de faire venir au jour quelques pépites …»


                                                        Frédéric Perrot





A écouter Les chemins de la philosophie, émission du 13 mars 2017 
https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie

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