Afin que sa chambre ne ressemble pas à
un cercueil cloué à la hâte, le rêveur écarte le rideau, ouvre la fenêtre,
écoute le pépiement des oiseaux qui appellent avec ferveur l’aurore aux doigts
de rose. L’air frais le fait respirer plus librement. Mais pour lui le chant
s’est tu… La douleur attend son heure.
La
caverne du sommeil se peuple de monstres et d’êtres merveilleux. Les premiers
hommes y conçurent leurs dieux et d’une grossière erreur de perception, naquit
la plus tenace des illusions.
Aussi
détrompé soit-il, l’être reste toujours la victime impressionnable de ses
propres rêves dont, dans la caverne du sommeil, il oublie qu’il est le seul et
unique créateur.
De
la caverne du sommeil, la psychanalyse a voulu faire une rutilante scène de
théâtre, où se joue et se rejoue sans cesse la même pièce calamiteuse. Sophocle
et bien plus tard après lui Denis Diderot, avaient pourtant noté comme en
passant et sans s’attarder un instant à pareille vétille, que tous les
hommes ont plus ou moins rêvé de coucher avec leurs mères. Désir frustre,
archaïque, inepte… Il aura fallu attendre un charlatan comme Freud pour élever
une telle banalité à la dignité d’un concept et il est presque certain que le
prétendu complexe d’Œdipe, aurait fait finement sourire l’auteur du Neveu de
Rameau.
Contre
la psychanalyse – « Vos lumières ont tendance à m’obscurcir, ce sont de
fausses lumières, des lumières mortes… »
Le
continent noir que croit découvrir Freud, au point de se poser en
Christophe Colomb de l’âme humaine, avait déjà été exploré dans les romans de
Dostoïevski, quelques pages de Nietzsche ou de Maupassant, qui a vécu jusqu’à
la folie « l’inquiétante étrangeté »…
Comme
je comprends toutes ces personnes qui, lorsque le sommeil les prend, n’ont
qu’un désir : celui de ne pas rêver…
Frédéric Perrot