« Et les mouettes se délectent de nos anecdotes »
(Alain Bashung)
Quatrième de couverture
Après
Haïkus des quatre saisons, déjà parus chez Encres Vives en 2017,
Marie-Anne Bruch poursuit cette veine poétique. Écrits tous les étés durant
plusieurs années, ces tercets nous proposent des promenades de la région
parisienne à La Baule, sur la côte atlantique. Des poèmes de vacances et de
farniente qui accordent la plus grande attention aux paysages : urbains, suburbains et maritimes. Si la tonalité est souvent légère et enjouée, des humeurs plus
méditatives peuvent poindre par instants.
Extraits :
Week-end somnolent
– Balade à travers la
ville
comme dans un rêve.
Pigeon de Paris,
marcheur tranquille,
passant
parmi les passants.
Mots doux en terrasse
siroter tes paroles
– La table bancale.
La pensée va-t-elle
plus vite que la
lumière ?
– Pas l’ombre d’une
idée !
Au petit matin
pluie tombant dans les
flaques
– Les yeux cernés.
Tracts électoraux
distribués avec ferveur
– Passants chiffonnés.
Vivre à cheval
sur deux siècles – Le
deuxième
me désarçonnera.
Devenir plus vieille
un jour d’avril pluvieux
– Caprices du temps.
Feux d’artifice
éclaboussant les ténèbres
– Un sang impur.
Fleurs poussées en serres
n’ont aucun parfum –
Restons sauvages !
L’amour a sans doute
dévié ma trajectoire
– Que prouve un
poème ?
La forêt
tient le crépuscule
à bout de bras.
Au rythme de mes pas
compter les pieds d’un
haïku
– Démarche
poétique ?
Orage d’été
– Le ciel fissure
ma rétine.
De part et d’autre
des vitres du vivarium
– Relatif sang froid.
La statue se pare
des couleurs d’un vitrail
– Joyaux du soleil.
Retour de baignade
– Ton baiser sur ma lèvre
met son grain de sel.
Le vent feuillette
mon livre – Le sable
comme marque-page.
Pluie, vague
– Dans un long brouillard
blanc
l’océan se noie.
Sommeil en musique
– Puis réveillée
par le silence.
La pluie peu à peu
espace ses gouttes –
Mouettes
dans la lumière.
Baigneuses figées
la mer à mi-cuisses
– Irons-nous plus
loin ?
Incertitude
– Un seul mot ne suffit
pas
à dire le vrai.
Le poème
qui me sauvera
en serai-je
l’auteur ?
Marie-Anne Bruch, Haïkus
de la Belle saison
Éditions Encres Vives,
été 2024

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